Azeroth Adventurers' Chronicles
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 Chapitre 35 : Le destin des sœurs

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Lil
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Lil


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Feuille de personnage
Race: Kaldorei
Classe: Prêtresse de la Lune
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MessageSujet: Chapitre 35 : Le destin des sœurs   Chapitre 35 : Le destin des sœurs EmptyMer 23 Sep - 16:07

 [Pdv E] Noscera avait toujours eu un caractère de garçon manqué depuis que je l’avais connue. Forte, fière, indépendante et prompte à répondre à l’insulte par la violence, il y a bien longtemps de ça je l’aimais énormément. Maintenant qu’elle était une worgen, ces traits semblaient s’être accentués, et pour le pire. Comme si ça ne suffisait pas, cet amour inconditionnel qu’elle avait pour Claria, une jeune fille orpheline comme elle, qu’elle avait pris sous son aile et avait appelé “sœur”, se transformait en obsession dévastatrice, qui ne prenait plus en compte que ses propres idées et sentiments, sans se préoccuper de ceux de sa protégée ni des gens qui avaient été proches d’elle auparavant.
Parce qu’évidemment, je n’étais pas le seul à affronter mon ancienne petite amie. Ayna m’assistait, lançant des traits de magie noire énormes et dévastateurs sur la worgen, mais Claria aussi, utilisant à la fois sa magie de Lumière protectrice et ses capacités psychiques de fantôme pour arrêter Noscera dans sa fureur. La worgen résistait cependant, n’écoutant que sa propre rage plutôt que les appels de sa sœur qui voulait qu’elle et moi cessions de lutter, en vain.
Elle avait commis une erreur en laissant son épée plantée dans le décor pour nous distraire, parce que sans ses deux lames jumelles elle n’était pas aussi forte que d’habitude ; et il n’était pas question que je la laisse la récupérer. Pour moi, il fallait l’assommer tant qu’elle était à moitié désarmée, et mettre un terme le plus rapidement possible à ces chamailleries.        Pourquoi diable ne pouvait-elle pas comprendre que cela me ferait mal, ainsi qu’aux autres, de devoir laisser Claria partir après tout ce temps ? Pourquoi elle-même tenait-elle à ce point à ce qu’elle parte de notre monde, perdant définitivement toute chance de la revoir même après son trépas ? Elle n’avait même pas cherché à parler à sa sœur, lorsqu’elle s’était révélée à elle au Norfendre, et depuis lors elle s’acharnait à ce que cette dernière manifestation de Claria disparaisse à jamais.
Je commençai à me dire que le choc avait rendu Noscera complètement folle, et qu’il n’y avait peut-être aucun espoir de rédemption pour elle, finalement. Pas question cependant de lui couper la tête pour cette pensée solitaire ; si je me mettais à découper en morceau d’anciens camarades, surtout une femme qui avait représenté beaucoup pour moi, qu’est-ce que ce serait ensuite ? Tuer Lædera parce qu’elle fait parfois la folle avec ses pouvoirs, à jeter des infernaux sur la tête des gens ?
Au final, il me suffit d’utiliser une poigne de mort au bon moment pour soulever Noscera au-dessus du sol, et la faire retomber sur le sol de sorte à ce qu’elle soit assommée. Je faisais de mon mieux pour ne pas lui éclater le crâne en faisant ça, même si au final elle révéla avoir la tête aussi solide que son caractère buté, vu qu’elle remuait encore, quoiqu’un peu groggy. Claria s’occupa de m’aider à finir le travail, concentrant un lien psychique pour plonger sa sœur dans une torpeur dont elle n’émergerait pas avant des heures.
- Elle est tenace ton ex ! lança Ayna qui remettait en place ses cheveux ébouriffés. Je pourrais à la limite comprendre pourquoi, si son objectif c’était pas de te tuer.
- Pauvre Noscera..., se lamenta tristement Claria. Si seulement j’arrivais à lui faire comprendre que mon heure n’est pas venue, elle cesserait de se torturer ainsi.
- Tu la connais, soupirai-je. Elle est complètement butée, et la transformation n’a pas aidé son caractère. Peu importe ce qu’on peut lui dire, quand elle est fixée sur une idée et qu’elle est persuadée d’elle ne reconnaîtra jamais qu’elle peut avoir tort...
Un problème de réglé, me dis-je. Pour l’instant. Maintenant il allait falloir savoir ce que nous allions faire d’elle, avant de repartir à la poursuite de Zendaren et essayer de retrouver l’ingénieur. Ayna suggéra que nous apprenions de Noscera l’endroit où ses camarades étaient susceptibles de se rendre, ce qui me sembla être une idée assez raisonnable vu la situation. Claria, elle, était complètement dévastée à l’idée que sa sœur devienne comme une prisonnière de ses propres amis.
- Il y a longtemps qu’elle ne nous considère plus comme tel, lui dis-je. Tous ceux qui ne sont pas avec elle sont contre elle, aussi triste cela soit-il.
Le fantôme baissa la tête, accablée de tristesse. Ayna cria subitement, et le temps que nous nous retournions elle se faisait projeter en l’air pas une griffe fourbe de Noscera ; elle avait réussi à recouvrir plus rapidement que prévu, ou bien elle avait feint l’inconscience ! Je me préparai à la faire se rendormir une bonne fois pour toute, en espérant que la demi-elfe, elle, n’était pas trop blessée (ni contaminée par la malédiction, parce que si j’avais tout à coup deux worgen enragées sur le dos cela ne serait pas vraiment idéal).
Cependant, je fus frappé, dans les deux sens du terme, de voir Noscera me courir dessus, sans même chercher à prendre ses armes, comme une bête sauvage. La gueule écumante de rage, les yeux à présent rouges de sang et de fureur, elle agissait comme si elle était purement worgen, et non plus une humaine hybride. Je compris, trop tard, qu’elle avait relâché son contrôle sur la bête, redevenant une créature sauvage et assoiffée de sang. Elle avait dû être vraiment désespérée pour s’être ainsi abandonnée à l’inconscience.
- On va finir par devoir te tenir constamment en laisse ! m’écriai-je en l'attrapant à nouveau avec une poigne de la mort.
Cette fois-ci, son instinct animal lui permettait de mieux tenir le coup lorsque j’essayai de l’assommer au sol. Elle continuait à se débattre et grogner comme une véritable louve, refusant de perdre à nouveau même si elle commençait à saigner de partout. Ma magie et mon emprise fatiguant, je devins moi-même tellement désespéré que je la jetai contre un rocher pour être certain qu’on en finirait, en essayant de la projeter contre une surface plate, et non pas un copeau comme il y en avait plein.
Une fois de plus, ce fut en vain. Noscera ne pouvait quasiment pas être arrêtée dans sa furie, et elle se relevait pour se jeter sur moi une fois de plus, même si sa fourrure était complètement trempée de son propre sang. Je désespérais d’être capable de la stopper maintenant, surtout qu’Ayna avait vraiment dû être assommée, les attaques psychiques de Claira étaient devenues sans effet et il n’y avait aucune garantie que des renforts arriveraient. Il était en plus hors de question pour moi de tuer Noscera, seulement en tout dernier recours, si véritablement le givre ne marcherait pas pour l’empêcher de continuer à attaquer.
J’évitai son attaque en plongée, prêt à déchaîner une rafale de givre droit sur elle en me relevant. Elle aurait du mal à briser de l’intérieur un carcan de givre renforcé de magie impie cette-fois, c’était certain. Cependant, alors que mon sort allait se déchaîner autour de moi, un cri de douleur perçant me donna l’impression que mon sang se figeait d’angoisse.
Juste derrière moi, avant que je n’esquive l’attaque, se trouvait un rocher dont une extrémité était très pointue. Sur ce rocher se trouvait Noscera, empalée au niveau du ventre, aspirant pour remplir d’air ses poumons déchirés, ses griffes se plantant dans la pierre et la raclant comme si ce geste désespéré pourrait lui sauver la vie qu’elle était en train de perdre, inéluctablement.
Elle était condamnée, et je le savais. Je ne pouvais que le réaliser avec horreur, alors que les hurlements de Claria résonnaient dans la nuit. Elle tentait de la sauver avec sa magie, mais c’était en vain. Noscera restait agonisante, et son temps était compté ; j’aurais voulu faire quelque chose pour elle, essayer d’avoir un mot avant qu’elle aussi ne disparaisse, mais je savais pertinemment que cela serait en vain. Tout s’écroulait autour de moi.
 
[Pdv M] Nous avions laissé Lanval et son amie discuter juste à l’extérieur du manoir. A vrai dire, j’étais tendue de les voir si proches ; même si je ne me sentais pas des envies de meurtres, mon regard naviguait sans cesse entre l’elfe de la nuit et Lædera qui arrivait. Me surprenant, la démoniste accueillit l’arrivante avec un grand sourire et se mit sur la pointe des pieds pour embrasser sa joue ; Lanval enroula un bras autour de sa taille. Un peu rassurée, je m’éloignai. Mais comme je marchais en direction de Miyon, normalement avec Tylna à présent, j’entendis un cri de souffrance. Alertée, je me fondis dans les ombres et piquai un sprint rapide en direction de l’origine du son ; d’autres cris, différents, se firent entendre. Il me fallut  quelques minutes pour en retrouver les auteurs.
J’eus moi-même du mal à retenir un hurlement devant la scène qui m’attendait. J’aperçus Ayna du coin de l’œil ; la jeune nécromancienne était affalée,  inconsciente, mais visiblement pas en danger de mort, à quelques pas. Devant moi, mon frère d’armes faisait face à un pic rocheux sur lequel était empalé une worgen. Noscera…
Je sortis des ombres en un instant et courus vers eux ; Claria, silhouette fantomatique et lumineuse, semblait sangloter à genoux devant le corps de celle qui avait été sa sœur.
Il me fallut un coup d’œil seulement pour évaluer la gravité de la blessure. Elle avait expiré voilà environ deux à trois minutes sans doute. Du sang dégouttait de sa mâchoire ouverte, poissait sa fourrure ; la pointe rocheuse ressortait de son ventre et je pouvais discerner les points vitaux qui avaient été touchés. Même si Tylna avait été sur place, elle aurait eu du mal à la sauver.
Je me retournai vers Elvyr ; j’étais crispée, mais je me souciais surtout de ce que lui pouvait ressentir.
Son regard était horrifié. Il était parfaitement figé, comme une statue glaciale ; je me mordis les lèvres.
-Elvyr…
Je dus m’éclaircir la gorge, ma voix déraillant.
-Elvyr, je suis navrée que ça se soit terminé ainsi pour elle. Mais c’était une battante – elle n’aurait pas voulu périr autrement qu’au combat.
Je ne savais que dire de plus ; je ne savais que trop bien ce qu’il ressentait en ce moment, et mes mots dérisoires se perdaient dans le vent. Je fis quelques pas vers lui pour le toucher, lui prendre la main. Je me sentais comme… comme si j’essayais de réconforter un frère que je n’avais pas ; je me sentais à la fois toute petite et responsable – je ne pouvais pas le laisser ainsi.
-On ne va pas la laisser ainsi, lui promis-je tout doucement sans le lâcher des yeux. On va l’enlever de là, apaiser Claira…
Je déglutis ; il me restait quelque chose à dire, même si ce n’était pas le moment ; le temps nous manquait et je ne pouvais pas être délicate – savais-je l’être, de toute façon ?
-Elvyr… Orionax et Lillenta viennent d’arriver.
 
[Pdv E] Il me fallut quelques minutes avant que je me mette à réagir à ce que Melrenna me disait. J’entendis un nom familier, qui me réveilla, et en lui demandant de répéter j’appris que Lillenta était ici. Cette elfe avait décidément bien choisi son moment... je m’en serais presque mis en colère à cause de cela, mais sur le coup je n’arrivais pas à sentir quoi que ce soit. En découvrant Noscera empalée sur le pic rocheux, quelque chose s’était brisé en moi. Voir Claria flotter à côté d’elle et la pleurer, bien que plus aucune larme ne puisse venir d’elle, c’était le coup de grâce. Tout cela était de ma faute.
C’était moi qui avait assassiné Claria au début, encore moi qui l’avait égoïstement ressuscitée et gardée dans ce monde... c’était un accord que nous avions passé, mais j’aurais dû me douter que c’était tout à fait digne de la jeune fille. Elle sacrifiait tout pour ceux qu’elle aimait, sans jamais se plaindre. Je l’avais oublié, à cause de Tirash’kor. Mais quand ma mémoire m’était revenue, j’aurais dû m’en rendre compte, décider que je devais enfin la laisser partir... ce que je n’avais pas fait. Je l’avais conservée dans une lame runique pour mes propres intérêts, j’avais refusé d’accéder à la demande de sa sœur qui en était devenue folle, conduisant à sa mort.
Et nous y étions, deux femmes qui m’avaient aimé de mon vivant, mortes par ma faute. À côté, une qui m’avait rencontré récemment était en route, tout autant en danger que Noscera et Claria. L’autre... au moins j’estimais qu’à force d’avoir vécu avec un père aussi fou que le sien et ses créatures infernales, ce n’était pas moi qui la menaçais le plus dans ce monde ; mais elle aussi aurait bien pu être tuée dans ce combat.
Je ne pouvais que me souvenir de mon court moment de chasse avec Sanglune, de ses paroles. Elle avait raison. Je ne pouvais pas échapper à ma condition en prétendant que l’amour d’une vivante pourrait compenser la malédiction qui me frappait, l’apaiser ; c’était tout l’inverse. Combien de temps avant qu’elles ne soient détruites de chagrin à cause de ce que j’étais devenu, qu’elles deviennent folles à cause de moi, ne songent à me tuer au bout du compte...
- Claria, viens.
Mon amie me regarda avec un visage dévasté par le chagrin. Elle n’avait certainement pas envie de quitter le cadavre de sa sœur qu’elle avait perdu, ce qui était compréhensible. Cependant, elle obéit sans dire mot, ce qui m’attrista encore plus. Pas même une demande d’avoir quelques instants de plus avec Noscera avant de venir. Elle m’obéissait au doigt et à l’œil, comme une esclave. Exactement ce que la défunte worgen avait dit que je la traitais ; elle ne s’était trompée qu’au niveau de mes intentions.
- C’était un accident..., murmura-t-elle. N’est-ce pas... ? Tu ne vas pas te sentir coupable...
- On aurait pu l’éviter, dis-je.
- Si j’avais pu faire plus pour elle...
À présent qu’elle ne regardait plus, trop absorbée dans son chagrin, je pris doucement l’épée à laquelle son âme était liée. Conscient que j’atteignais un point de non-retour, je sentis la tristesse m’emplir à l’idée de laisser s’en aller Claria, après avoir refusé cette idée pendant si longtemps. Mais c’était nécessaire.
- Au revoir Claria, murmurai-je. Que toi et Noscera trouvent le repos que vous méritez toutes les deux.
Claria releva la tête, écarquillant ses yeux fantomatiques. Elle comprit ce que je faisais, mais trop tard pour m’empêcher de dissoudre la rune qui maintenant son esprit emprisonné dans le monde des vivants.
- NON ! cria-t-elle. Elvyr, ne me chasse pas ! Je t’en supplie, je ne t’en veux pas ! Je veux encore t’aider ! Je... ELVYR !!!
Je restai de marbre alors qu’elle s’agitait pour ne pas disparaître dans l’autre monde, ne pas se retrouver définitivement séparée de moi. À l’intérieur, j’étais blessé, mais je refusai de le montrer. Finalement, Claria s’évapora après avoir tenté en vain de me persuader de rétablir le sort. La dernière image que j’aurais d’elle était son visage larmoyant, son cri implorant alors qu’elle partait pour de bon ; exactement comme je l’avais tuée la première fois.
Quand je me retournai, quasiment tous mes camarades étaient là. Ils me fixaient tous avec un air stupéfait, même Mordaelan n’avait pas l’air capable de lancer une réplique décalée sur la situation. Lillenta était dans le tas, tant qu’à faire. Au moins, qu’elle ne se fasse pas d’idées. J’en avais assez de prétendre que j’étais vivant, que je n’étais pas un Chevalier de la Mort à jamais maudit.
Je n’avais aucune parole pour eux, aucune envie de justifier mes actes et mon attitude. Ainsi, je me détournai bien vite et m’éloigner afin de réfléchir. J’entendis juste la nécromancienne essayer d’expliquer ce qui s’était passé, que la mort de Noscera était un accident et pas de mon fait. Je n’en avais plus rien à faire.
 
[Pdv M] Je laissai Elvyr s’éloigner, même si mon inquiétude pour lui grandissait. Je regardai Lædera d’un air qui devait avoir quelque chose de suppliant. Je ne pouvais pas avoir les bons mots, je ne savais pas… mais elle, peut-être.
- Bon, lança bien fort la démoniste après m’avoir regardée. Je vais lui parler, et le premier qui veut écouter aux portes, je l’envoie sur-le-champ prendre le thé avec Sargeras !
Son ton indiquait clairement que contrevenir à son ordre était une mauvaise idée. Elle partit dans la direction qu’avait pris son frère. Ayna terminait de raconter ce qui s’était passé. Je réprimai un frisson en regardant le corps ainsi exposé de la worgen. Des commentaires s’échangèrent à voix basse, Viulia se laissa tomber à genoux ; Genshan écarta doucement deux ou trois personnes pour se rapprocher d’elle.
-Vous semblez fatigués, il y a des blessés ; vous devriez rentrer de nouveau vous abriter et vous reposer, déclara une voix calme et impérative.
C’était l’elfe de la nuit, Lillenta. Je ne pensais pas qu’une femme qui venait d’arriver dans le groupe puisse avoir déjà de l’autorité dessus, mais tout le monde obéit sauf deux ou trois personnes ; elle se tourna ensuite vers moi.
-Melrenna, peux-tu venir avec moi ?
Son ton était plus doux. J’avais du mal à déchiffrer son expression ; sa race m’était encore trop étrangère. J’acquiesçai en silence et nous nous éloignâmes des autres, vers le corps de Noscera.
L’elfe de la nuit détacha avec précaution deux des pièces d’armure les plus lourdes qui protégeaient le corps mort de la worgen. Ensuite, elle passa ses bras sous celui-ci ; je vis les muscles tendre le tissu et le cuir de ses vêtements tandis qu’elle le soulevait. Elle arracha la worgen à la pointe rocheuse avec des difficultés, tituba sur un mètre avant de la déposer en soufflant. Elle tira de sa ceinture une gourde d’eau et la posa.
-Lanval m’a expliqué, vite et bien, ce qui s’était passé et qui était présent, dit l’elfe à voix basse. Merci d’avoir éradiqué ce Culte avec eux ; d’avoir été présente pour Elvyr.
Je ne répondis pas tout de suite. Elle ferma les yeux de la worgen, referma sa gueule, puis retira la majorité de son armure pour nettoyer la fourrure ; elle banda avec un tissu simple son buste, comme si Noscera n’avait pas été blessée ou pouvait être guérie.
-Pourquoi faites-vous ça ? demandai-je. Si Lanval vous a expliqué qui Noscera est…
-Noscera a compté pour Elvyr. Pour d’autres aussi ; elle mérite mon respect à ce titre… et mon peuple n’abandonne pas les morts.
Je hochai simplement la tête, puis me relevai avec elle et l’aidai à porter la worgen ; je revoyais dans ma tête l’expression d’Elvyr, et j’avais mal.
 
[Pdv Ex] À peine remis du choc d’avoir vu Noscera morte de façon sanguinaire, Elvyr dévasté par la perte puis Claria soudainement renvoyée du monde des mortels, Genshan et ses deux camarades restants ne restèrent néanmoins pas les bras ballants alors que Melrenna et cette elfe de la nuit inconnue s’occupaient de la dépouille de la guerrière.
- Laissez-nous nous en occuper, dit le tauren quand ils approchèrent. Elle est notre amie.
- Oh, fit doucement la chasseresse avec un regard apaisant, bonsoir. Navrée de faire les présentations dans de telles circonstances. Je suis une amie de Lanval.
Elle s’écarta pour laisser le Marche-Soleil prendre sans efforts le corps de Noscera, faisant attention à ce qu’il ne se casse pas en deux. La worgen, si vivace, forte et dure, ressemblait à une poupée de chiffon, molle, fragile entre ses grands bras. Viulia se mit à pleurer à chaudes larmes en voyant d’aussi près dans quel état se trouvait l’amie qu’elle avait échoué à sauver. Genshan aurait voulu la réconforter, mais il portait déjà Noscera ; Mordaelan comprit, et posa sa main squelettique sur l’épaule de la draeneï.
Quand il sentit qu’elle se raidissait cependant à ce contact, il abandonna. À la place, il dévisagea Lillenta, qui commençait à s’écarter même si elle restait regarder. Il ne put s’empêcher de faire un commentaire à cette femme qui était apparemment amoureuse de son ami (sacré veinard d’Elvyr !).
- Alors comme ça c’est toi, Lillenta... Hmm, ouais, il a de bons goûts. ‘Fin bref, j’ai un petit hommage à payer, faîtes pas gaffe à moi.
L’elfe de la nuit haussa les sourcils, et Mordaelan se retourna, grommelant. À peine un mot, une attitude trop solennelle et rigide pour lui, au moins la poitrine et les hanches valaient bien le coup... plus pour les hanches, cela dit, l’autre c’était un peu moyen. Enfin bon, une elfe valait toujours le coup, en général. Mais il aimerait bien qu’elle affiche un peu plus d’émotions que ça, jusque là il songeait que sa note allait être moyenne.
- Ok c’est mort, murmura-t-il à ses camarades comme ils préparaient un bûcher pour les funérailles de Noscera. Je veux qu’Elvyr change de nana, elle est pas drôle !
- Tu veux dire que tu te sens en infériorité par rapport à elle parce qu’elle est trop intelligente pour réagir à tes âneries ? répondit Viulia.
- Si je te donne une baffe parce que tu me gonfles, grommela le démoniste, la flèche compte dans ce cas ?
- À ton avis ?
- Bon sang, mais fermez-là les gars. Noscera est juste à côté..., soupira Genshan.
Le tauren vit avec soulagement ses deux compagnons redevenir calmes, se souvenant qu’il y avait leur amie morte à proximité et que se chamailler comme des enfants devant sa dépouille serait franchement de mauvais goût ; même pour Mordaelan. Maintenant que quasiment tout le monde était rassemblé, le Marche-Soleil alluma le bûcher s’occupa de faire les prières pour Noscera, aidé de Viulia, pendant que le mort-vivant allumait le bûcher... avec le feu le moins corrompu qu’il pouvait produire. La guerrière pourrait trouver le chemin soit de la Terre-Mère, soit l’au-delà offert par la Lumière ; ils espéraient qu’où qu’elle irait, elle retrouverait Claria.
 
[Pdv E] À peine quelques minutes après que je sois allé m’isoler, quelqu’un vint me retrouver - ce qui était prévisible. Heureusement, c’était Lædera qui venait. Un peu comme autrefois, lorsque nous étions jeunes à Colline-aux-Corbeaux, sauf que cette fois-ci nous étions tous les deux adultes, et j’étais mort.
- Ayna nous a raconté en détail ce qui est arrivé, dit-elle. Personne ne va t’accuser, et certainement pas moi.
Je haussai les épaules. Peu importe s’ils allaient m’en vouloir ou pas pour la mort de Noscera, de toutes manières je savais que j’avais une énorme part de responsabilité là-dedans. Cette pensée d’avoir mené la femme que j’avais aimé de mon vivant à sa mort, une mort terrible et sanglante, était une hantise terriblement insupportable. S’il n’y avait pas Lillenta dans les parages en plus, j’aurais pu peut-être mieux tenir, à la longue.
J’aurais enduré, le temps de mettre fin aux agissements de Zendaren, puis revenir à Acherus, ne pas retourner vers elle comme au départ je l’avais envisagé : après tout ce qui était arrivé, c’était devenu impossible. Les idées qui avaient fait naître en moi de l’espoir s’étaient vite évanouies dès lors que j’étais retourné dans mon élément, sans sa présence perturbante.
- Dis-moi, tu ne comptes pas rester là à déprimer pendant toute la nuit et après, j’espère ? demanda Lædera en s’asseyant à côté de moi. On a besoin de toi ici. C’est un peu toi le chef, maintenant.
- Je n’avais même pas fait attention.
- Zendaren a le gnome, au fait. Les autres groupes n’ont pas réussi à retrouver sa trace.
- C’est vraiment une très mauvaise soirée, soupirai-je. Une amie très chère morte, une autre renvoyée après des années de retard, Zendaren a sa dernière pièce avant d’activer son engin de la mort, et en plus il a fallut que Lillenta se pointe... Qui l’a appelée, d’ailleurs ?
Lædera écarquilla les yeux, l’air surprise. Très certainement par mon dernier commentaire.
- Euh... Je dirais Darkena, elle a envoyé une lettre à Orionax. Et Lillenta passe pas mal de temps avec eux et d’autres anciens camarades ; Pratreï, Dominici... Mais pourquoi est-ce que tu réagis négativement au fait qu’elle soit là ? Je croyais que tu l’aimais !
- Moi aussi, je le croyais. Regarde-moi, Læ. Je suis un Chevalier de la Mort, une aberration de la nature qu’on a créé pour répandre la mort partout sur mon chemin. Crois-tu vraiment qu’il me soit possible d’aimer ?
- Oui, répondit-elle franchement. Tu vois mon mentor, Nocturana, elle a bien failli épouser un Chevalier de la Mort qui était amoureux d’elle à un moment donné...
J’étais vraiment étonné d’apprendre cela. Comment diable cette femme, une elfe de la nuit, amie avec des dragons rouges (donc ceux qui sont vraiment adorateurs de tout ce qui est vivant et naturel) avait pu seulement se rapprocher d’un Chevalier de la Mort ; elle ne m’avait pas donné l’impression d’être quelqu’un qui les tolérait bien, en plus je l’avais vu maintes fois me fixer avec inquiétude, ressentiment. Cela dit, comme Lædera continuait à me raconter cette histoire, je comprenais un peu mieux.
- Voilà où ça coince, dis-je. “Failli”, c’est le mot. Je connaissais ce Chevalier, Séréphios. On ne le surnommait pas le “fou d’amour” pour rien. Sa quête était désespérée, vouée à l’échec, on le savait mais il ne voulait rien entendre ; il avait tellement mal supporté sa mort qu’il voulait un moyen de renouer avec sa vie, par le moyen de l’elfe de la nuit qui l’aimait depuis leur enfance. Et au final sa véritable nature l’a rattrapé, il a fallu l’exécuter. Une chance pour cette femme, Nocturana, que ses amis aient été là pour s’en charger.
- Mais ça ne veut pas dire que tu seras dans le même cas !
- Si, c’est très possible. Ni toi, ni Lillenta ne peuvent imaginer ce que je dois endurer chaque jour depuis que je suis dans cet état. Parfois, un mot, un seul acte même insignifiant peut suffire pour que je perde tout contrôle et détruise tout ce qui m’est cher sans même m’en rendre compte.
- Qu’est-ce que tu comptes faire du coup ? Retourner dans ta nécropole perdue, t’isoler dans les ruines du Fléau qui t’a créé, abandonner tout espoir de redevenir une personne et que les gens te voient comme tel, pas comme seulement un mort-vivant ?
- Et tu crois que c’est mieux que je prétende être un vivant comme les autres et me lancer dans une romance avec Lillenta qui ne connaîtra jamais un seul obstacle ? J’ai tué mon ancien amour, banni à jamais une fille qui m’aimait de tout son cœur. Tu penses qu’elle a plus de chances d’être en sécurité si elle s’accroche à moi ? Noscera était une femme encore plus forte qu’elle, tant moralement que physiquement, et pourtant tu vois bien comment elle a terminé.
Lædera soupira. Elle avait l’air tiraillée sur le coup, devant assurément comprendre ce que c’était d’être un Chevalier de la Mort, une personne qui vivait constamment avec le danger comme meilleur compagnon - elle-même était une démoniste, qui jouait avec les énergies du Néant même (et s’était déjà brûlée avec), et son petit copain était un worgen, un être affligé par une malédiction peu anodine. Cependant, je savais qu’elle ne devait pas vouloir se mettre entièrement d’accord avec moi, comme Lillenta était son amie et qu’elle voulait qu’elle aussi soit heureuse.
- Elle m’oubliera, lui rassurai-je. Elle finira par trouver un autre homme, plus vivant et moins dangereux que moi, et cela lui conviendra mieux.
- Je ne suis pas aussi confiante que toi à ce sujet, marmonna-t-elle. Mais et toi dans cette histoire ? Tu n’as donc pas de sentiments pour elle, quelque chose qui te donnerait à la longue l’envie de revenir ?
- Pourquoi le voudrais-je, quand ce ne sera jamais que pour la blesser ? C’est bien parce que je l’estime et qu’elle m’est chère que je veux lui épargner ça.
Ma sœur secoua la tête, puis se leva. Je n’allais certainement pas tarder à la suivre et retrouver mes camarades. Il fallait se mettre en chasse, maintenant que Zendaren avait récupéré Scapetis...
- Je trouverai un moyen de te faire redevenir vivant ! lança soudainement Lædera.
- Euh... Pardon ?
- Il doit forcément y avoir quelque chose qui existe, un pouvoir assez puissant pour ramener à la vie un mort-vivant !
- Libre à toi de poursuivre ce mythe, répondis-je en haussant les épaules. Mais je resterai intéressé si jamais tu trouves quelque chose.

Un moyen de défaire ce qu’Arthas avait fait, avec ses pouvoirs de nécromancie insurpassables et qui avait nécessité la Lumière elle-même pour que l’on en soit débarrassé pour de bon ? Je n’y croyais pas une seconde. L’heure n’était vraiment plus aux illusions pour moi, elles commençaient à me fatiguer à la longue.
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Chapitre 35 : Le destin des sœurs
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