[Pdv E] Il avait raison, nous étions bel et bien partis pour une longue et pénible compétition juste pour trouver un petit gnome qui malgré tout pouvait agir sur un engin infernal. Certains comme Mordaelan avaient l’air de trouver ça drôle, mais j’étais soucieux en sachant que les deux autres camps dans la course voulaient utiliser ce Vortex et non le détruire.
- Quelqu’un a une idée par où commencer les recherches ? demandai-je aux autres.
- Je pense..., fit Viulia avec sa nouvelle voix triste. Je devrais pouvoir aller à Forgefer et demander directement là-bas s’ils savent où est leur collègue.
- Tu n’aurais pas envie de rester ? demanda doucement Genshan.
- Je ne sais pas, je peux peut-être revenir plus tard pour vous joindre, mais pour le moment je me sens... Trop faible. Je vais avoir besoin de retrouver la paix un moment. Éventuellement, Reveli peut m’accompagner pour aller voir mon contact, si elle le désire, mais si elle veut rester avec vous pour vous aider, je comprendrais.
- Un contact ? demanda Mordaelan. Pour quoi ?
- Pour quelque chose qui la concerne, en tant que draeneï qui souffre... Mais d’ailleurs, maintenant que j’y pense, ça risque peut-être d’être problématique, vu qu’il s’est dit être “consultant” des Vengeurs de Hautebrande.
Comme je pouvais m’y attendre, Lædera, Lanval et Venoxia réagirent au nom de l’organisation. Le problème que Viulia venait de soulever m’intéressa plus ; je me demandais qui pouvait bien être cette personne dont elle parlait, si c’était vraiment sûr pour Reveli d’aller la voir. Mais la draeneï ne pourrait pas lui recommander des gens mal intentionnés, j’en étais certain.
- Je pense avoir une idée sinon, intervint Lædera. En ce moment, tout le monde a les yeux braqués sur la Pandarie, y compris la Ligue des Explorateurs qui a hâte de découvrir de nouvelles trouvailles archéologiques. Peut-être qu’il y aura plus de chance de le trouver là-bas ?
- J’espère qu’il se terre pas chez les Alliés, fit remarquer Tylna. J’ai pas envie d’aller chercher un petit gnome dans une de leurs grosses villes.
[Pdv Ex] Leur discussion finie, Jin’teran appela Venoxia et Iriveni avec lui pour converser en privé sur ce qui venait d’arriver, en particulier à propos de l’aspirante, Melrenna. Ils s’installèrent dans une tente reculée où ils s’assurèrent ne pas être écoutés avant de commencer. Tous les trois s’accordèrent à dire que l’elfe de sang avait des qualités qu’il serait intéressant de développer et de mettre au service de la Horde.
- Vous pourrez peut-être vous en occuper ? suggéra Venoxia. C’est toujours grâce à vous que même les recrues les plus improbables adhèrent à la Main Brisée, et si elle a bien des problèmes, vous pourrez l’aider comme vous l’avez fait pour moi.
- J’y ai pensé, mais ici on a besoin de moi pour mobiliser les gars du clan dans notre camp. Je suis certain que l’une de vous deux pourra faire office de professeur pour la petite. Après toutes les années d’expérience que vous avez derrière vous, vous vous débrouillerez.
Elles réfléchirent à la proposition. Venoxia secoua la tête cependant.
- Je ne crois pas être un très bon professeur... Je ne sais pas si je suis prête pour enseigner à des jeunes elfes comme elle, aussi.
- Tu viens de ré-affronter Solenda aussi, compris Jin’teran, c’est dur pour toi. Mais laisse pas les mauvais sentiments que ça t’a filé grossir, tu sais ce que tu risques.
- Oui.
- Je voudrais bien m’en occuper moi, déclara alors doucement Iriveni. Je connais cette jeune fille, la “disciple” de Lindhe... et j’ai entendu ce qui se dit sur cette femme également. Une arme de la Dame Noire, un agent secret loyalement au service de la Reine, mais nul ne la connait vraiment bien. Peut-être qu’avoir Melrenna dans notre camp pourrait agir sur l’un des pions de Sylvanas, ce qui serait utile si jamais elle cause des troubles dans la Horde à l’avenir.
- Tu ne l’aimes vraiment pas, remarqua Venoxia.
- J’ai le sentiment que ses nouveaux plans pour les réprouvés et elle-même ne sont pas un bon signe. Il faut s’assurer à ce qu’elle ne se sente pas trop en confiance, qui sait ce qu’elle s’autoriserait à faire en dépit des liens de notre peuple avec la Horde sinon...
- D’accord, acquiesça Jin’teran. Iriveni, tu t’occuperas d’enseigner à Melrenna les techniques de notre profession. Pour rester dans le registre de Sylvanas et des réprouvés, il faut parler de ce Zendaren.
- C’est un extrémiste, lança Venoxia. Autant Sylvanas Coursevent a une politique dérangeante qui a pu susciter sa colère d’une quelconque façon, et c’est compréhensible, autant son envie d’éradiquer tous les non-morts dans le monde dépasse les bornes. Tous ne méritent pas ça.
- Je suis complètement d’accord, répondit le troll. Il va falloir aider Elvyr et Melrenna, s’assurer que ce Vortex soit détruit. On a bien assez d’engins infernaux dans le monde pour avoir en plus un machin qui aspire les âmes des gens. En plus, on a besoin des réprouvés pour notre prochaine lutte, et eux aussi ont besoin de notre action s’ils veulent ne plus avoir d’ennuis avec les kor’krons.
- Ça nous permettra de porter un dernier coup au Culte de la Cendre Sanglante par la même occasion, rajouta Venoxia.
- Et que fera-t-on de Zendaren ? demanda Iriveni.
- Je crois pas qu’on ait besoin de le tuer, tant qu’il laissera les réprouvés et qu’il aura plus sa machine, ça ira. Il va falloir lui coller une bonne dérouillée pour le dissuader de recommencer. Maintenant, qui va y aller... Iriveni, bien sûr. Venoxia, je préfère que tu restes ici par contre. Je vais avoir besoin de ton aide.
- Je suppose que Luntra, la chamane orque, voudra aller avec eux dans l’espoir de les recruter, ajouta malicieusement la morte-vivante.
- Ça, ce serait une bonne idée. Peut-être qu’un autre peut venir avec elle pour l’épauler.
- Quelqu’un de votre tribu ? demanda Venoxia.
- Précisément...
[Pdv M] Assise en tailleur à même le sol, je buvais lentement de l’eau en regardant Naëlis. L’Arcaniste puisait dans les lignes telluriques à proximité et jouait, comme à son habitude, avec les fluides lumineux qui tournoyaient dans ses paumes bleuies par la magie.
-Vous avez vu Tyriev, à ce que j’ai compris ? me dit-elle soudain.
-Oui, nous l’avons croisée en venant au Norfendre, elle nous avait dit que tu étais là et qu’il ne fallait pas hésiter à t’embarquer, d’ailleurs. Elle était avec un apprenti qu’elle a laissé tomber peu après une altercation. Elle… est aussi puissante que ce que tu m’avais décrit.
Naëlis eut un petit rire.
-Tu sais, Mel, pour une femme aussi indépendante et formidable que Tyriev, c’est parfois étrange d’admettre qu’elle est engagée pour Dalaran. Ils lui collent régulièrement des apprentis sur le dos, souvent pas très doués. Quand l’un d’eux y arrive, il a sa réputation de faite en tout cas. Quant à mon implication dans le groupe… je venais de laisser tomber un mage pénible ; je voulais voir autre chose, me rendre utile, progresser par moi-même. Je me sentais… étriquée, comme au temps de l’université ; Tyriev dit que mon esprit pétillait trop pour être enfermé. Je ne m’attendais pas à tomber si vite sur un groupe aussi étrange, avec en plus une ancienne amie dedans ! Quand j’ai entendu ton nom, prononcé par la trollesse, j’ai cru rêver.
-Et te voilà prise dans un voyage dangereux. Tu sais, tu peux repartir si tu le…
-Ah non ! s’exclama Naëlis en avivant l’éclat des arcanes. J’ai l’occasion rêvée de voir si je vaux quelque chose sur le terrain, de m’enrichir et de me confronter directement au monde et tu voudrais que je parte ? Rêve, ma chère !
Je soupirai et lui résumai brièvement notre aventure, en passant sur mes années à Fossoyeuse. L’elfe fut assez fine pour ne pas m’interroger sur ce que j’avais fait depuis la dernière fois, encore jeunes adolescentes, que nous nous étions vues.
-C’est passionnant, dit-elle finalement. Donc tu vas devenir Voleuse ?
-Il y a des chances, oui, dis-je en souriant. Tu imagines ; enfin avoir des dagues, des vraies !
-Hum, j’imagine que c’est comme si moi, je passai d’un vulgaire bâton enchanté à une baguette digne de ce nom.
-Voilà.
-Melrenna ! cria soudain une voix.
Je me relevai et me retournai ; Jin’teran s’avançait vers moi avec Iriveni.
- Iriveni va vous accompagner. Elle sera ton professeur, je lui fais confiance et tu peux faire de même. Nous nous reverrons sans doute.
Je le remerciai d’un signe de tête, ne trouvant pas de mots ; après quoi le troll s’éloigna. Elvyr, Genshan et Tylna revinrent vers moi en même temps que lui, mais le maître Voleur n’était plus seul.
Un autre troll l’accompagnait. Il avait un regard perçant et intelligent, encadré de peintures de guerre. Son corps dessiné par des muscles solides était vêtu d’une semi-armure coriace. Il était assez impressionnant, surtout qu’il était bien sûr largement plus grand que moi ; on sentait chez lui de l’énergie, de la nervosité, de la réactivité, sans qu’il semble dépourvu de sagesse. Deux grandes haches magnifiques ne le quittaient pas.
- Je vous présente Reg’Jin, commença Jin’teran.
- Juste Reg, coupa le troll.
- Arrête de refuser cette appellation, tu la mérites, et va falloir t’y faire, mec. Reg’jin est un guerrier sûr et fiable. Je lui ai expliqué brièvement votre mission, et il est pas contre venir.
- Très bien, répondis-je après une courte hésitation.
Tylna ne le lâchait pas des yeux ; il la contempla en fronçant les sourcils.
- Félin-d’Ombre ? dit-il soudain.
- C’est moi, mec, on se connaît ?
- Tu es la fille de la Préparatrice du village voisin du mien…
- C’est moi maintenant, la Préparatrice, rigola-t-elle. Je vais te faire les présentations.
Jin’teran prit Elvyr par l’épaule pendant que la trollesse désignait tour à tour chacun de nos camarades.
- C’est bien qu’il soit avec vous, dit le troll à voix basse. Prenez un peu de repos puis choisissez une direction pour vos recherches ; j’aimerais pas découvrir que vous êtes arrivés trop tard à un moment.
[Pdv E] Nous avions beaucoup de possibilités à choisir en Pandarie, et ce n’était pas certain que nous y trouverions le gnome du premier coup. En bon continent perdu qui se respectait, les sites archéologiques prometteurs abondaient, et Scapetis pouvait bien être dans n’importe lequel d’eux. Iriveni nous suggéra d’aller en premier dans les nombreuses ruines à Krasarang, qui étaient fréquemment visitées par la Ligue des Explorateurs ainsi que le Reliquaire. Nous finîmes par nous mettre d’accord sur cette option, Genshan nous garantit que ses cousins dans la tribu des Chasselaube pourraient accepter d’héberger notre équipe très hétérogène.
Viulia partit en fin de journée, et Reveli avait résolu de la suivre pour trouver ce fameux “contact”. C’était peut-être la dernière fois que je verrais la draeneï de la Lame d’Ébène de mon existence, et si je comprenais que c’était mieux pour elle qu’elle choisisse d’en finir avec son tourment, assurément ça me faisait mal quelque part qu’elle s’en aille. Elle était une amie, une sœur, elle allait me manquer, ainsi qu’à nos autres camarades Chevaliers de la mort. La chasseresse nous promit que tout se passerait bien ; elle nous enverrait un mot dès qu’elle en saurait plus sur l’endroit où se trouve Scapetis.
Au final, nous nous retrouvions à un groupe de dix dans cette chasse au gnome, avec Luntra, Reg’jin, Iriveni et Naëlis pour nous accompagner du côté de la Horde, ainsi que Lædera et Lanval. Face aux ruines d’une secte et un réprouvé rusé et manipulateur, nous avions quand même nos chances compte tenu des capacités de chacun de mes camarades.
Quand tout le monde se fut reposé au terme de la nuit, Naëlis créa le portail, aidé par Genshan qui lui donna une balise de transfert liée à l’un des villages Chasselaube dans les Étendues de Krasarang pour qu’elle s’y redirige dans les lignes telluriques. Nous pouvions remercier Melrenna de l’avoir quelque peu motivée à rester avec nous alors qu’elle ne connaissait pas les trois quarts de notre groupe, grâce à elle nos voyages allaient être beaucoup plus simples.
[Pdv M] Iriveni n’avait pas voulu me révéler le contenu du sac qu’elle emportait ; j’avais tout de même cru y voir un éclat métallique, et j’espérais que s’il s’agissait d’armes, je finirais par en mériter une ou deux. J’allais sans doute peu dormir dans les jours suivants, entre mon entraînement et la poursuite…
Naëlis mit peu de temps pour créer son portail. Nous pûmes le traverser facilement, et après un léger tournis, je me retrouvai complètement… ailleurs.
Genshan s’avança immédiatement pour parler avec ceux qui, méfiants, s’approchaient de nous. Quant à moi, je n’avais pas assez d’yeux pour tout voir. Les couleurs des sols et du ciel, les gens autour, sans compter que je tentais de repérer les éventuelles sorties d’urgence. Je sentais le regard d’Iriveni aller et venir, et m’appliquai à rester calme.
-Tout de même, murmurai-je à Tylna, c’est complètement fou, espérer retrouver un gnome complètement au hasard… S’il suffisait de fouiller les grands sites d’exploration du moment, Purgemort aurait déjà mis la main dessus.
-On ne sait pas s’il a des contacts susceptibles de le renseigner là-dessus, peut-être qu’il rame autant que nous en ce moment.
Je hochai la tête, peu convaincue.
-Ça ne te manque pas, les forêts, ton village, ton laboratoire ?
-Non, je mets des tas de choses au point. Et puis, j’aime bien voyager. Ma réputation elle va finir par bien grandir.
-Tu es déjà assez connue dans les milieux des voleurs et parfois même des chasseurs, intervint le troll, Reg.
Mon amie fit la moue ; le lanceur de haches reporta son regard sur le compagnon de Lædera. Il semblait bien nerveux… Pourtant, il n’avait pas semblé faire de difficulté quand Jin’teran lui avait suggéré d’intégrer notre groupe (d’ailleurs, je me demandais pourquoi ; le maître Voleur estimait-il notre voyage si dangereux ?). Ou bien Lanval avait-il fait quelque chose qui lui déplaisait ? Peut-être était-ce la cohabitation avec des races de l’Alliance qui le gênait ?... Pourtant, moi-même je m’étais rapidement faite à l’idée…
Elvyr regardait fréquemment de tous côtés, quelque chose qui me fit hausser un sourcil. Je m’approchai de lui tandis que les autres se renseignaient sur un trajet rapide pour parvenir à notre destination.
-Elvyr ? dis-je à voix basse. On dirait que tu cherches quelqu’un des yeux.
Il eut un demi-sourire et soupira.
-Non, c’est juste que plusieurs personnes de l’ancien groupe avaient pour projet de se rendre en Pandarie, j’y resongeais.
-Oh, je vois…
Il ne me donna pas plus d’explications et se pencha à son tour sur le plan dont les routes étaient rendues brillantes par Naëlis.
[Pdv E] Entre la dernière fois ou j’avais vu nos compagnons et le moment où Læ m’avait retrouvé, ceux qui étaient allés en Pandarie ne devaient peut-être plus être dans les environs. Si nous devions les retrouver, ce ne serait surtout pas à côté du village des Chasselaube. Retournant à ce qui comptait pour l’heure, j’écoutai Genshan faire son rapport à propos du terrain en pointant du doigt des symboles sur une carte.
- La région est très riche en anciennes ruines mogus qui présentent de l’intérêt tant pour la Horde que l’Alliance. Il y en a trois d’importantes; les ruines de Korja, à quelques minutes au nord, celles de Dojan et enfin celles d’Ogudei, activement disputées par l’Alliance et la Horde.
- J’imagine qu’on aura plus de chances de trouver le gnome dans la troisième option, dit Lædera.
- Tu crois ? répondis Mordaelan. C’est si fragile un gnome, ils vont pas l’envoyer dans un coin ou il risquerait de se faire piétiner.
- Mais là-bas, précisa Iriveni, la Ligue des Explorateurs y est très active. Même si Scapetis Lectronum n’est pas avec eux, quelqu’un saura forcément où il est.
- Je le pense aussi, acquiesçai-je. Avec Læ et Lanval, nous devrions pouvoir aller le chercher sans avoir à nous frayer un chemin à coup d’épées et de sorts.
- Ça changera ! s’esclaffa le worgen.
Peut-être, mais je n’avais pas envie que parce que du sang coulait par notre faute on cherche à nous ficher comme faisant partie d’une guerre dont je me moquais bien pour l’heure. Ça ne ferait que des ennuis en plus et nous n’en avions pas besoin.
[Pdv M] – On devrait se dépêcher, intervins-je, un peu angoissée à l’idée que nous pouvions nous tromper et dans ce cas perdre encore plus de temps.
- On n’a qu’à louer des montures, ils ont des wyvernes. C’est cher, mais bon… je me ferai rembourser par Fossoyeuse, déclara tranquillement Tylna.
Je grimaçai comme tout le monde devant le tarif astronomique qu’on nous soumit, mais versai ma part de pièces d’or. Naëlis, quant à elle, multiplia magiquement ses pièces tout en adressant un sourire angélique au vendeur qui ne prêta pas attention à l’enchantement.
- Pas très prudent, tu veux te les mettre à dos ? demandai-je en me mettant en selle.
Mon amie, pour toute réponse, éclata de rire. Je tâchai de bien m’installer, mais je n’avais monté de wyverne qu’une fois dans ma vie et avec quelqu’un d’autre pour tenir les rênes. Mordaelan consacra quelques minutes, gentiment, à m’aider, puis alla voir si Lædera s’en tirait de son côté. Je vis Elvyr froncer les sourcils, mais avant qu’il dise quoi que ce soit, Lanval coupa la discussion en embrassant la démoniste devant le mort-vivant ; je levai les yeux au ciel, mais Tylna rigola en voyant Mordaelan accepter sa « défaite » de bonne grâce.
L’envol fut assez tranquille ; j’eus plus de mal à maîtriser ma monture une fois assez haut dans le ciel. Elvyr restait assez près de moi. Je ne savais pas si je devais être contente qu’il puisse me rattraper en cas de chute ou me sentir vexée de son manque de confiance.
Une fois assurée que je n’allais pas chuter, je pus profiter un peu du paysage. Les yeux grands ouverts, je me pris plusieurs fois à sourire sans raison.
Je connaissais Quel’thalas, et Fossoyeuse comme ma poche. Un peu Orgrimmar, des régions du Norfendre et quelques-unes, rares, où j’avais accompagné Lindhe… Mais je n’avais jamais rien vu de semblable. La jungle était immense, les chemins peu nombreux serpentaient entre d’immenses arbres chatoyants. Des silhouettes de félins se laissaient deviner entre quelques sources fumantes, et l’air chaud et humide se faisait ressentir. La lumière pure et douce se teintait de nuances vertes et dorées ; toute la Pandarie était-elle ainsi ? me demandai-je vaguement. Ou ce continent présentait-il autant de nuances de climats que les Royaumes de l’Est ou Kalimdor ?
Toujours agrippée aux rênes, je sentis soudain ma monture se tendre et accélérer. Je regardai les autres, qui avaient fait de même. Avaient-elles senti un danger ?
-Genshan ! criai-je au tauren, le plus proche de moi. Que se passe-t-il ?
-Prend les rênes et tire comme moi ! répondit-il en virant légèrement sur sa droite.
Je tentai de l’imiter en tournant la tête. Ce que je vis me fit hoqueter ; quatre oiseaux assez immenses nous fonçaient dessus, dont deux en piqué. Soudainement plus motivée, je tirai sèchement sur les rênes pour rejoindre les autres. Si nous continuions ainsi, nous allions bientôt voler en rase-motte…
Je me baissai soudain pour esquiver une attaque arcanique. Naëlis s’était retournée et concentrai dans ses paumes une belle quantité d’énergies.
-Baissez-vous ! hurlai-je derrière moi.
Tylna et Lanval qui me suivaient obéirent prudemment ; une salve mauve et dorée nous dépassa pour aller transpercer une bête et en brûler partiellement une deuxième qui, furieuse, accéléra. Je n’avais rien à lancer, désarmée ; Iriveni, par contre, se retourna et planta rapidement l’oiseau blessé. Il tomba alors que les deux autres nous fondaient dessus.
Par chance, ce fut la wyverne de Tylna qui fut touchée en premier. Mon amie put se transformer et filer, tandis que ma propre monture, que je ne guidais sans doute pas très bien, se rapprochait tant du sol que je sautai, étourdie. D’autres chocs autour de moi me firent sentir que je n’étais pas la seule. Je roulai sur moi-même et retins ma respiration. Lanval s’était soudain changé en un puissant worgen, qui dégaina deux lames solides face à un oiseau qui allait se jeter sur Lædera. Celle-ci sauta à terre à son tour et commença à invoquer quelque chose. Avant que je ne puisse en voir plus, quelqu’un me tira tout à coup en arrière, me coupant complètement le souffle. Je sentis un courant d’air sur ma gauche, brutal. Une immense hache me dépassa et alla se planter dans le poitrail du troisième oiseau. Un infernal démoniaque et trois coups de lame eurent enfin raison du dernier, plus coriace.
-Que quelqu’un me donne une lame ! m’écriai-je dès que nous eûmes récupéré notre souffle. Je déteste ne rien pouvoir faire !
-Ne crie pas, souffla Reg, nerveux. La jungle, c’est plein de bêtes qui te voient juste comme une proie.
Qu’un guerrier comme lui parle ainsi m’étonna, mais je me rangeai à son avis et remerciai plus discrètement Iriveni qui accepta de me prêter une dague simple.
