Azeroth Adventurers' Chronicles
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 Un Requiem de Flammes et de Givre

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Laedera
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MessageSujet: Un Requiem de Flammes et de Givre   Un Requiem de Flammes et de Givre EmptyVen 22 Mai - 0:37

Un Requiem de Flammes et de Givre Screen10

Un Requiem de Flammes et de Givre Screen11

Le blizzard avait duré trois jours, offrant au clan Loup de Givre un peu de répit après toutes les tragédies qu’ils avaient affronté dernièrement. D’habitude les orcs et leurs compagnons loups restaient terrés dans leurs refuges en espérant que la tempête passerait rapidement pour profiter à nouveau du grand air, et surtout de pouvoir retourner chasser afin que le clan ne tombe pas à court de provision lors d’un déchaînement de glace. En ces temps troublés cependant, certains désiraient presque à ce qu’il n’y ait jamais de fin au blizzard, parce que si eux étaient limités dans leurs mouvements par celui-ci, leurs ennemis l’étaient encore plus...
Ce dernier mois avait été extrêmement difficile à vivre pour les Loups de Givre. Leur monde avait connu un changement d’une ampleur majeure, que personne n’aurait jamais pu prédire. Draenor n’avait jamais été exemplaire en termes de paix mondiale, comme toutes choses vivantes s’y faisaient perpétuellement la guerre afin de survivre. Les orcs n’avaient encore jamais vu de faction militaire prendre autant d’importance et aussi vite que la Horde de Fer, cette union de tous les clans sous une même bannière, qui comptait écraser tout ce qui ne se rangeait pas de leur côté... y compris le clan Loup de Givre.
Leur ancien chef, Garad, avait choisi de tenir leur clan à l’écart de ce mouvement, ne faisant pas confiance à Grommash Hurlenfer et à son désir de soumettre tout Draenor par la force. Au lieu que la Horde de Fer laisse les Loups de Givre en paix, comme ils l’avaient espéré, ils en avaient fait leur cible, et depuis lors tous les autres clans s’acharnaient contre eux, lançant des raids contre leurs villages, massacrant et kidnappant leurs villageois, guerriers et compagnons loups. La rage de survivre et la peur d’être exterminé se propageaient au sein du clan, qui tentait de rester fort et soudé face à l’adversité, bien qu’ayant souffert de la perte de leur chef Garad et de son fils ainé Ga’nar.

Kora, une jeune chamane du clan, était déterminée à lutter jusqu’à la mort contre les laquais de Hurlenfer, leur faire regretter de s’en être pris à sa famille et ses amis. Alors que la patrouille de son père, qui avait demandé à ce qu’elle les accompagnes, longeait les hautes falaises de la Crête de Givrefeu elle ne pensait qu’à la vengeance, à comment elle punirait les responsables de l’enlèvement de sa mère ainsi que de la mort de la louve de celle-ci.
Elle était furieuse contre elle-même autant que contre les Sire-Tonnerre qui les avaient attaqués pour cette perte terrible. Elle était juste à côté quand ces lâches avaient attrapé sa mère, une chamane bien plus puissante qu’elle, la trainant dans un filet comme si elle n’avait été qu’un animal  que l’on emportait vivant comme trophée. Si seulement elle avait été plus forte, elle aurait électrocuté sur place ces chiens et elle l’aurait sauvée à temps !
- Reste concentrée Kora, lui commanda alors Rag’norak qui arrivait à côté d’elle. Nous devons rester à l’affut de toute anomalie dans la région.
- Oh ! Oui, père.
Se redressant sur sa louve, Kora reporta son attention sur son environnement. Ses pensées noires ne la quittaient pas pour autant alors qu’elle observait les collines enneigées à leur droite et la mer qui s’étendait sur leur gauche, mais elle ne voulait pas décevoir son père en manquant de vigilance, même quand il ne s’agissait que d’une simple patrouille.
- Rag’norak, vous pensez que la Horde de Fer pourrait venir nous attaquer par le sud ? demanda un chasseur.
- C’est peu probable, répondit le guerrier. Mais il peuvent essayer d’envoyer des éclaireurs de ce côté, des orcs assez agiles qui pourraient exploiter les failles dans la roche... et les Chanteguerre ont des excellent grimpeurs à ce qui se raconte.

Effectivement, se dit Kora, en repensant à ses propres expériences qu’elle avait eu avec les autochtones de Nagrand. Son clan avait l’habitude de migrer vers cette région en fonction des saisons, lorsqu’ils n’étaient pas encore en guerre contre le reste de leur race. Là-bas, elle avait deux amis qui avaient le privilège de connaître un peu mieux ce pays tiède et si reculé de Givrefeu. Deux frères, qui étaient nés d’un orc du clan Chanteguerre et d’une femme du clan Loup de Givre - une union très étrange, improbable mais qui s’était malgré tout montrée très solide et résistante aux difficultés posées par la différence de clans et de territoires, presque un haut-fait qui faisait écarquiller tous les yeux de surprise.
Les enfants de ce couple si particulier avaient bien grandi en dépit de leur héritage mixte, alternant les séjours chez leur père et leur mère en fonction de leurs âges. Kora préférait le cadet, Jaegor. Un jeune orc bien plus calme et sage que son aîné, Drakgosh. Drakgosh n’était pas un mauvais garçon ni une brute sans cervelle, mais elle ne se sentait pas autant en confiance avec lui qu’avec son petit frère, peut-être à cause de son caractère bouillant et hyperactif, trop typique d’un Chanteguerre pour elle.
Jaegor et Drakgosh étaient d’ailleurs avec leur père lorsque cette crise avec la Horde de Fer avait éclaté. Kora était inquiète pour eux chaque fois qu’elle y pensait. À cause de leur héritage Loup de Givre, ils devaient beaucoup souffrir du changement, même s’ils étaient également des Chanteguerre. Leur mère était partie, une nuit, seule avec son loup de givre, afin de retrouver ses enfants et les convaincre de rentrer avec elle, et si possible son époux avec. Cependant elle n’était toujours pas revenue. Rag’norak était un ami d’enfance de la mère de Jaegor et Drakgosh et s’inquiétait énormément pour elle.
Les deux frères avaient forcément été forcés de choisir leur camp lorsque la crise avait éclaté... que leur était-il arrivé à ce moment-là ? Étaient-ils devenus leurs ennemis, ou étaient-ils en danger, s’il n’était déjà pas trop tard ?
- Chef, par ici ! appela tout à coup l’un des éclaireurs.

Kora, Rag’norak et les autres Loups de Givre regardèrent dans la direction que montrait l’orc qui les avait alertés. Tout en bas de la falaise se trouvait une petite embarcation rustique, qui pouvait contenir tout juste une petite troupe. Elle sentit l’excitation la saisir, malgré l’idée qu’il y avait peut-être des intrus sur leur territoire - depuis l’enlèvement de sa mère elle avait grand besoin de déchaîner les éléments sur un ennemi pour se défouler.
Son père examina la portion de falaise avec sa vue aiguisée, repérant aisément le passage que les occupants du bateau avaient pu emprunter pour remonter sur le plateau. Menant son loup et la troupe le long du bord, il arriva en plein sur les traces de l’intrus, qui s’avérait être un jeune orc adulte, accompagné par un loup mais qui n’était néanmoins pas très rapide - il boitait, apparemment. Le loup de Rag’norak renifla la piste sans que son maître n’aie besoin de le lui commander - quand il eut capturé l’odeur, il surprit cependant la meute en relevant la tête en aboyant presque de joie.
- On dirait qu’il a senti un ami, dit Rag’norak, perplexe. Étrange... Trouvons cet orc et son loups. Peut-être qu’il sont nos alliés et ont besoin d’aide.
Pas de bagarre alors, mais s’ils pouvaient aller au secours d’un ami c’était toujours une bonne chose pour Kora. La meute s’élança sur les traces de l’orc et de son loup, suivant le compagnon de Rag’norak. Au bout de quelques courtes minutes, ils repérèrent enfin du mouvement en face d’eux dans la neige - leurs intrus. Bien que l’orc boitait comme le chasseur l’avait lu à l’aide de sa piste, et qu’à ses côtés marchait un loup au pelage blanc comme la neige de Givrefeu, ils ne prirent pas de risque et se hâtèrent d’encercler l’inconnu et son animal.

L’orc sursauta en voyant les Loups de Givre surgir de nulle part et l’entourer, et resta immobile comme ils refermaient leur ronde autour de lui pendant que le loup grondait avec méfiance. Il portait une lance sur son dos mais ne il la dégaina même pas dans un geste de défense, renforçant l’idée qu’il était familier avec leur clan. Son accoutrement les surprit quand même, comme ses vêtements n’étaient pas du tout adaptés pour le climat gelé de Givrefeu - il avait cependant sur les épaules et la tête un épais manteau en peau de loup noir, qui devait le garder de succomber au froid mortel.
Kora ne pouvait pas reconnaître l’étranger comme elle se trouvait dans son dos et qu’il avait une capuche relevée sur sa tête, mais il lui était évident qu’elle n’aurait pas à se servir de sa hache contre celui-ci. Elle laissa son père s’annoncer à l’orc, curieuse et impatiente de connaître l’histoire de celui-ci.
- Je suis Rag’norak Flèche de Tempête, du clan Loup de Givre ! D’où viens-tu, jeune orc ?
- Rag’norak ! s’exclama l’étranger, avec une voix qui fut familière pour beaucoup des éclaireurs. C’est moi, Drakgosh !
Faisant partie de ceux qui avaient reconnu la voix de cet orc, Kora ne put retenir une exclamation de surprise. Un sentiment mêlé de joie et d’inquiétude vint ensuite la prendre au coeur, alors que Drakgosh enlevait sa capuche de fourrure pour faire face à Rag’norak, l’un de ses entraineurs au maniement des armes.
L’orc écarquilla les yeux de stupéfaction en voyant à qui il avait affaire, l’enfant issu de deux clans si différents, grand et bien bâti comme un Chanteguerre, ou du moins quelqu’un qui avait été élevé et entrainé parmi les leurs. Néanmoins, malgré ces détails très marquants on reconnaissait toujours les traits que l’étranger tenait de sa mère Loup de Givre, ses yeux oscillant entre le gris et le bleu, mais également quelques mèches de cheveux bleutées parmi sa crinière noire attachée en coiffure de guerrier.
- Drakgosh, fils de Nagara... Les esprits soient loués ! Nous ne pensions pas te revoir un jour dans ces contrées. Laisse-nous te raccompagner, je vois que tu es blessé.
Rag’norak se rapprocha de Drakgosh avec son loup, qui frotta affectueusement son museau contre la joue de l’orc, lequel se mit à verser des larmes au contact du museau froid de l’animal avec qui il s’entendait très bien quand il était encore plus jeune, qui était le père de l’autre loup de givre qui l’avait accompagné de retour dans son foyer maternel. Son ainé l’aida à prendre place sur la selle de son compagnon, et la patrouille put apercevoir par endroits les blessures qui affligeaient le fils de Nagara. Kora frémit en voyant l’une de ses jambes, tordue irrégulièrement, ainsi que d’immenses balafres qu’il avait dû faire cautériser aux flammes. Il avait dû traverser beaucoup d’épreuves pour les rejoindre... mais où était sa mère ? Et son frère ?

* * *
Réunis autour du feu dans une hutte de Wor’gol, Rag’norak, Kora et les grands-parents de Drakgosh traitaient les blessures du jeune orc retrouvé. La séance de guérison fut terrible à supporter pour lui, après que des jours se soient écoulés sans qu’il n’ait pu avoir de soins pour ses plaies. Il fallut remettre sa jambe blessée dans le bon angle en le tenant pour que son état ne s’aggrave pas, pendant que Kora et Graja, la grand-mère de Drakgosh, s’occupaient de canaliser les énergies curatrices de l’eau et la bénédiction des esprits.
Au bout de plusieurs heures, les deux chamanes avaient dépensé pratiquement toute leur énergie à inspecter chacune des plaies infectées pour revitaliser la chair, utilisant une quantité phénoménale de baumes et de potions pour sauver Drakgosh des maladies qui couvaient en lui. Le jeune orc était épuisé, et une longue période de repos s’imposait à lui, tant pour guérir son corps que son esprit. Il ne se faisait aucun doute pour eux qu’il avait vécu de terribles épreuves avant qu’on ne le retrouve.
- Voilà mon enfant, déclara Graja à son petit-fils, repose-toi bien et d’ici quelques jours tu devrais être entièrement rétablir.
- Merci grand-mère...
Kora offrit à Drakgosh une tasse de boisson chaude, qu’il accepta en silence sans la regarder. Elle était troublée de voir qu’il avait beaucoup changé depuis la dernière fois qu’elle l’avait vu. Il semblait plus mature quelque part, mais surtout il y avait quelque chose qui s’était brisé en lui. Était-ce lié à l’absence de Jaegor ? Elle était pleine d’angoisse à l’idée d’ignorer ce qui était arrivé au chaman. Déjà que Gashar, son loup de givre avec qui il était pourtant inséparable, était en compagnie de Drakgosh, elle craignait le pire.
- Nous sommes contents que tu sois de retour parmi nous, en vie, déclara Karronok, son grand-père. Avec tout le désordre qu’à causé la Horde de Fer, nous n’avions aucun moyen de savoir ce qu’il advenait de vous... Et nous nous inquiétions beaucoup comme ta mère ne revenait pas.
La mention de sa mère sembla enfoncer de nouveau Drakgosh dans son chagrin, ce qui ne présageait rien de bon quant au sort de Nagara. Kora, Rag’norak, Graja et Karronok voulaient évidemment en savoir plus sur ce qui était arrivé, cependant la gêne planait et personne n’osait vraiment lancer le sujet. Finalement, ce fut la jeune chamane qui osa se jeter à l’eau, parce qu’elle voulait à tout prix être fixée sur ce qu’il était advenu de Jaegor.
- Est-ce que tu as envie de nous dire ce qui t’es arrive ? Ou est-ce que tu as besoin de temps avant de te lancer ?
Drakgosh évita une fois de plus son regard, même s’il avait failli y avoir un échange quand elle s’était adressé à lui en brisant le silence. Si c’était trop dur pour lui de raconter son histoire, elle comprendrait. Pourtant, le jeune orc prit une grande inspiration :
- Je suis désolé Kora... Grand-père, grand-mère... Vous devez être vraiment inquiets pour ma mère et mon frère. J’aurais préféré apporter des nouvelles plus joyeuses, hélas... Mais vous avez le droit de savoir.
- Tu n’as pas besoin de te forcer Drakgosh, dit doucement Graja malgré le chagrin évident dans sa voix. Vas-y dès que tu seras prêt.
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MessageSujet: Re: Un Requiem de Flammes et de Givre   Un Requiem de Flammes et de Givre EmptyMar 26 Mai - 12:05

Un Requiem de Flammes et de Givre Screen13


Goranok Furie-du-Vent était un adversaire extrêmement redoutable et difficile à vaincre. En tant que son fils, et celui qui s’entrainait avec lui depuis qu’il avait dix ans, Drakgosh le savait mieux que quiconque. Et pourtant, il était sûr qu’un jour il le surpasserait et que cette fois-ci, ce serait son père qui mordrait la poussière.
“Cette fois-ci, c’est la bonne !” pensa-t-il alors qu’il parait la hache d’entrainement du grand orc.
Il fit bien attention à répartir la force de ses bras et son bon équilibre, sachant que Goranok tenterait de le faire tomber s’il n’était pas attentif à ses jambes. C’était un exercice très délicat comme son père était bien plus vieux et expérimenté de lui, mais surtout plus grand et plus musclé. Ainsi, Drakgosh se trouvait souvent plié sur ses genoux pour soutenir la pression de la hache ennemie contre la sienne. Cependant, cette fois-ci il pensait avoir trouvé une tactique pour contrer la botte de son père... littéralement.
Rapidement, l’attaque en coup bas arriva. Drakgosh le reconnut en observant le subtil changement de position qui indiquait que Goranok concentrait son équilibre sur un seul pied, soulevant l’autre pour le faire trébucher avec un coup sec. Ayant ménagé ses propres forces pour surprendre son opposant pour cette attaque, il se redressa brusquement, profitant de ce court moment pendant lequel l’autre se tenait sur un pied pour le bousculer avec son épaule et le faire reculer.
Profitant de l’effet de surprise qu’il avait créé, ainsi que de cet instant où Goranok était déstablisé et tentait de se repositionner sur ses deux jambes, le jeune orc enchaîna en attaquant l’arme de son adversaire, la faisant voler hors de la poigne de celui-ci. Ayant tenu la sienne à deux mains, il recula aussitôt par précaution afin d’éviter une riposte à mains nues de la part de son père, qui avait effectivement tenté de le saisir afin de le mettre au sol avec une prise dont il était difficile, sinon impossible de se dégager tout seul.
- Plus d’arme ! s’exclama Drakgosh sans pouvoir retenir un sourire triomphant. J’ai gagné !
- Bien joué Drakgosh, le félicita Goranok sans pour autant quitter sa posture de défense. Mais un vrai guerrier continue à se battre jusqu’à ce qu’il soit mis à terre.
Il n’en attendait pas moins de son père, et pour être honnête, Drakgosh voulait bien continuer et réussir le défi de mettre Goranok à terre. C’était la première fois qu’il parvenait à le désarmer en duel, et il était sûr qu’il pourrait passer au niveau suivant lors du même combat.
- Ne relâche pas ton attention dans l’ivresse de la victoire ! le mit en garde son père, avant de plonger vers son arme.
Drakgosh fut pris au dépourvu en l’espace d’une seconde comme Goranok empoignait son arme sans qu’il ait pu l’en empêcher, mais il se rappelait des leçons que celui-ci lui avait donné. Notamment celle qui revenait le plus souvent, “utiliser son environnement à son avantage”. Avant que son opposant ne puisse se relever, l’orc tourna sur lui-même, utilisant la lame de sa hache pour projeter le sable de l’arène en plein dans ses yeux. Son père n’avait pas non plus prévu ce coup-là, et même s’il retira à temps un bras du manche de la hache pour protéger sa vue, il n’en restait pas moins aveuglé.
Jugeant qu’il était temps d’en finir, Drakgosh chargea en poussant un rugissement assourdissant, prêt à réclamer victoire sur son père et mentor. Alors qu’il abattait son arme sur le torse de Goranok, celui-ci réagit d’une façon qu’il n’avait pas prévue : sans même avoir besoin d’ouvrir les yeux, il l’attrapa par le torse et un bras, se servant de sa propre force pour le projeter derrière lui. Stupéfait par la contre-attaque imprévue, Drakgosh ne pouvait rien faire d’autre que fermer les yeux alors qu’il tombait en plein sur les gradins de bois qui se brisèrent au contact de son armure d’entrainement. Quand il les rouvrit, il vit en premier la hache de son père en suspension juste au-dessus de sa tête.
- Tu es mort, conclut Goranok.

Drakgosh grogna de frustration en laissant retomber sa tête sur le bois dévasté en-dessous de lui. Il y était presque ! La victoire se trouvait juste à portée, et il l’avait laissée s’échapper sans y prendre garde. Décidément, on ne pouvait pas du tout se relâcher au cours d’un combat, parce que la situation pouvait s’inverser même lors des dernières secondes.
Un bras solide vint l’aider à se relever des débris, et une fois qu’il fut à nouveau debout l’orc enleva son heaume, qui était légèrement cabossé par la chute. Son père en face de lui arborait un demi-sourire, signe qu’il était satisfait par leur combat ; Drakgosh lui répondit faiblement, bien que son expression ressembla plus à un croisement entre la moue et le sourire.
- Pas trop de mal ? s’enquit Goranok en faisant référence à la chute.
- Non ça va, l’assura Drakgosh. Ce n’est pas aussi terrible que lorsque j’ai atterri en plein dans un râtelier d’armes.
- Dix ans plus tard, et tu n’as toujours pas oublié cette histoire, s’amusa légèrement le grand orc. J’espère que ce sera la seule chose pour laquelle tu m’en voudras pour le reste de ta vie.
- Disons que quand je t’aurai enfin vaincu en duel, ce sera pardonné à jamais ! s’esclaffa le fils.
- Oh, tu en es bien proche. Mais ne va pas t’enorgueillir trop pour autant.
Sa fierté ravivée à ce compliment, Drakgosh s’assit sur l’un des bancs encore intacts pour écouter les conseils que son père lui donnerait pour s’améliorer. Il lui enseignait de nouvelles techniques de deux façons, lorsqu’ils s’entrainaient ensembles. Dans le premier cas, ils combattaient dans l’arène, tel qu’ils venaient justement de le faire, et à la fin du duel (qui s’était toujours terminé par la victoire de Goranok) il lui expliquait quelles erreurs il avait commises, quelles tactiques employées étaient bonnes et devaient être approfondies.
Dans le second cas, Drakgosh observait Goranok combattre contre un autre guerrier et devait étudier leurs techniques en temps réel pour s’en inspirer ou apprendre comment les contrer ; là encore, il n’avait jamais vu son père perdre un seul combat. Même si son frère Jaegor, un grand passionné du rationalisme et des nuances inutiles selon Drakgosh, argumentait que leur père avait forcément souffert d’une défaite à un moment dans sa vie, lui ne voulait rien en savoir. Ça gâcherait le sentiment d’accomplissement qu’il ressentirait lorsqu’il triompherait enfin de son père et entraineur, à l’issue de l’un de leurs duels.
Comme toujours, le discours de Goranok était plein d’inspiration pour Drakgosh, et renforçait cette idée que son père était vraiment un guerrier de légende. Il comprit pourquoi il avait perdu leur duel : il avait sous-estimé la rage de vaincre et de survivre de son père, qui avait puisé encore plus profondément dans ses ressources pour s’assurer la victoire, quand bien même il était en mauvaise posture. Celui-ci savait en plus exactement où il se trouvait dans l’arène, par rapport au rebord et aux bancs, dont il était conscient qu’il pouvait se servir - tout en sachant qu’il ne tuerait pas son fils comme il était recouvert par son armure d’entrainement et que le bois composant les bancs n’était pas de très bonne qualité.
Un bon guerrier n’est pas quelqu’un qui se contente de faire des moulinets inutiles avec son arme pour paraître impressionnant, ou de taper sur tout ce qui passe en hurlant comme un boguelin. Il tient compte de son environnement, comprend son ennemi pour prévoir ses attaques et s’en protéger, tout en se connaissant lui-même pour ne pas aller trop loin dans sa rage et commettre de faux pas. Drakgosh se le répétait sans cesse, espérant qu’un jour il n’aurait même plus besoin de se repasser les paroles de son père en boucle tellement cette philosophie serait imprégné en lui.
- Je n’oublierai pas père. La prochaine fois, tu seras fier des progrès que j’aurai fait !
- Je suis déjà très fier de toi, mon fils, lui sourit Goranok.

L’entrainement fini, Drakgosh retourna à leur maison. Son père lui demanda d’y rester et d’attendre qu’il revienne de sa réunion, ainsi que de prévenir son frère pour qu’il ne disparaisse pas avec son loup de givre et rate leur rendez-vous. Quand il fut rentré, ce même animal vint aboyer joyeusement auprès de lui. Amusé par le spectacle de Gashar qui bondissait autour de lui avec autant d’énergie, l’orc passa une main dans le poil blanc de l’animal de son petit frère.
Il devait s’ennuyer à rester enfermé chez eux toute la journée pendant que son maître était aux sessions d’entrainement avec son maître du clan Chanteguerre. Cependant, le chaman qui s’occupait de l’apprentissage de son cadet avait été clair là-dessus, Gashar n’avait pas sa place dans leurs séances parce qu’il distrayait les apprentis. Ce n’était pas si injustifié que cela, vu que Gashar était un loup plein de vie, joueur et qui adorait qu’on le cajole régulièrement, et donc il risquait de déconcentrer les chamans en méditation pour obtenir des caresses.
Les Chanteguerres fronçaient les sourcils en apercevant le duo, comme l’amitié avec les loups ne faisait pas partie de leur culture - c’était même tout l’inverse, et en tant que fils d’une Loup de Givre, Drakgosh n’avait aucun amour pour leur tradition de les soumettre par la force et la brutalité. C’était là son seul chagrin de ne pas avoir réussi à trouver un loup qui veuille devenir son compagnon et le suivre jusqu’au bout du monde.
Jaegor et Gashar s’étaient repérés immédiatement quand on l’avait approché d’une portée quand il était petit. Gashar était le louveteau du partenaire d’un ami de leur famille dans le nord, Rag’norak, et lorsque les deux avaient créé leur lien, leur entourage avait été enchanté par ce phénomène si emblématique pour un Loup de Givre. Malheureusement pour Drakgosh, même si rien n’indiquait que les loups le rejetaient entièrement, aucun ne semblait vouloir rester avec lui pour de bon. C’était en partie à cause de cela qu’il s’était dit qu’il rejoindrait plutôt le clan Chanteguerre lorsque le temps viendrait, bien que la raison principale restait qu’il admirait énormément le peuple de son père.
Cependant, avec les derniers événements dans la jungle de Tanaan, Drakgosh avait l’espoir que petit à petit, l’idée de séparation de leur race en clans, et celle d’avoir à choisir entre celui de son père ou celui de sa mère, toutes ces vieilles notions allaient disparaître. Il espérait sincèrement que cet âge de la Horde de Fer unirait leur famille, et qu’ils n’auraient plus à se préoccuper de toutes les complications géographiques et culturelles qui les séparaient. Si la plupart des orcs étaient enthousiasmés par la promesse de toutes les batailles glorieuses et la conquête de tout Draenor - quelque part il l’était lui-même -, il était plein d’espoir quant à cette perspective révolutionnaire.
Après qu’il se fut lavé et vérifié plus attentivement qu’il n’avait pas de plaie traîtresse risquant de s’infecter, il fit passer le temps en entretenant la hache que son père lui avait offerte le temps pour le temps de son entrainement - elle ne serait pas définitivement la sienne, Goranok voulait qu’il puisse se forger sa propre arme une fois qu’il serait devenu un véritable guerrier. Son frère ne tarda pas à rentrer au logis, l’air fatigué, ce qui n’arrivait pas souvent.
- Salut, fit Drakgosh en levant les yeux vers son cadet tout en continuant de nettoyer le manche de l’arme.
- Salut frangin, marmonna Jaegor. Salut Gashar, viens ici mon grand.
Drakgosh laissa tomber son activité pour observer et essayer de comprendre l’état dans lequel se trouvait son frère. Jaegor avait toujours été un peu froid et empreint de sérieux, au point que tout le monde s’amusait à remarquer qu’ils étaient de véritables opposés malgré leur lien de parenté, mais cette fois-ci c’était inhabituel. Il avait l’air d’avoir manqué au moins trois nuits de sommeil, ce qui n’arrivait pas souvent vu son rythme de vie régulier, à un tel point qu’on aurait dit qu’il s’était endormi dans la fourrure de son loup s’il ne continuait pas à la caresser doucement.
- Woah..., murmura l’orc. Votre maître vous a fait passer dans un plan élémentaire ou quoi ? Tu as l’air vraiment crevé.
- Je ne suis pas fatigué, je suis... Où est père ?
- En réunion, il doit revenir pour le coucher de soleil. Ah oui, on doit être tous là quand il rentrera, il m’a dit que nous allions sortir cette nuit.
- Où ?
- Aucune idée, il a dit qu’il nous le dirait à son retour.
Jaegor soupira en acquiesçant avait de laisser retomber sa tête dans le poil épais de son loup. Il n’aimait pas Nagrand, cela se voyait depuis longtemps maintenant. Sa façon d’être, d’agir et de penser, son lien avec Gashar, tout indiquait que son clan de prédilection était le clan Loup de Givre, là où se trouvait la culture avec laquelle il était le plus en harmonie, leur mère, et l’orque qu’il chérissait.
- Je ne suis pas fatigué, je suis bouleversé, compléta Jaegor.
- Raconte, qu’est-ce qu’il s’est passé ?
- Quand j’ai communié avec les esprits ce matin, ils m’ont rejeté, ils m’ont dit qu’ils ne m’aideraient pas tant que je porte avec moi l’emblème du clan Chanteguerre. J’en ai parlé à mon maître. Il m’a dit que c’était normal. Il m’a sorti : “L’époque où les chamans orcs devaient ramper devant les éléments et les esprits pour obtenir leur puissance est révolue. S’ils refusent de nous accorder leurs pouvoirs pour la gloire de la Horde de Fer, nous les soumettront et obtiendront cette puissance qu’ils nous refusent dans leur arrogance.”
Les notions du chamanisme avaient toujours paru vagues et compliquées à Drakgosh, mais pourtant lorsque Jaegor lui rapporta le discours de son enseignant, lui-même écarquilla les yeux de surprise en sachant que c’était très inhabituel pour un chaman de tenir ce genre de propos. C’était vrai que ça collait bien au discours de la Horde de Fer dans sa campagne pour faire de Draenor un monde où les orcs régneraient en maîtres.
Il ne savait pas trop quoi penser de cette nouvelle, pour le coup, si c’était aussi négatif et catastrophique que son petit frère le sentait, ou s’il quand même devait être impressionné par le fait que des orcs soient capables d’obtenir le pouvoir des éléments sans avoir à faire de longues courbettes et d’entretenir des rituels, qui n’avaient pas toujours été très intéressants à ses yeux.
- C’est... extrême ? dit prudemment Drakgosh.
- Lamentable, tu veux dire ! grogna Jaegor. C’est jouer avec des puissances qui nous dépassent, c’est... Ça nous retombera sur la figure ! Comment est-ce que nos aînés peuvent devenir aussi stupides, ça me dépasse !
Drakgosh haussa les épaules, ne sachant pas comment répondre. Le chamanisme et ses subtilités étaient vraiment trop vagues pour lui... même si en suivant la logique de son père, il devrait malgré tout s’y remettre un jour, ne serait-ce que pour pouvoir affronter un chaman expérimenté dans le futur et ne pas être pris au dépourvu.
- Ah au fait, j’ai failli battre père en duel, lança Drakgosh.
- C’est vrai ? Raconte-moi ça, tiens.
Partager ses expériences lors de son apprentissage de guerrier avec son frère le mettait plus à l’aise, bien plus que le sujet précédent. Jaegor avait l’air intéressé par le fait qu’il avait failli vaincre leur père. Même s’il ne suivait pas la voie d’un guerrier, il était malgré tout un orc, et les récits de batailles et de duels l’intéressaient tout autant que lui, ou leur père, ou n’importe quel orc.

Une heure plus tard, Goranok retrouvait ses deux fils chez eux. La nuit commençait alors à tomber mais il était loin d’être fatigué, et Drakgosh et Jaegor n’en manquaient pas moins de vitalité pour cette soirée. Les deux frères comprirent qu’ils allaient partir tout de suite, comme leur père avait avec lui son venteroc, un magnifique oiseau de proie nommé Serre-Noire après son plumage et ses serres, sombres comme la nuit. Sa tâche était habituellement de porter des messages absolument privés, comme à leur mère, par exemple, et son maître ne l’emportait avec lui que rarement, pourtant la créature était très fidèle à l’orc, autant qu’un loup de givre à son partenaire.
- Prenez des capes noires pour passer inaperçus dans la nuit, dit Goranok après avoir salué ses fils. Jaegor, fais attention à ce que Gashar ne soit pas remarqué tant que l’on ne soit pas sortis.
- D’accord, il sera sage, acquiesça le chaman en amenant son loup.
- Qu’est-ce qu’on va faire là ? demanda Drakgosh, perplexe.
- Nous allons voir votre mère, et personne ne doit être au courant.
Drakgosh était surpris par cette annonce, mais ne posa pas plus de questions tandis que tous les trois (ou quatre, en comptant Gashar) franchissaient dans la discrétion la plus absolue l’enceinte de Grommashar, évitant toutes les sentinelles au passage. Le loup de givre fit preuve d’une obéissance exemplaire envers son maître, comme pas une fois il n’aboya ni ne fit de bruit, ainsi que Jaegor le lui avait ordonné. Une fois dehors, Goranok les guida à travers les plaines de Nagrand. Les deux lunes de Draenor étant levées, ils pouvaient avancer sans difficulté jusqu’au point de rendez-vous qui avait été convenu avec leur mère à une heure de marche de la ville.
Pourquoi était-elle présente dans ces terres à une telle époque, alors que le clan Loup de Givre était reparti dans le nord, le jeune orc se le demandait. Nagara, leur mère, adorait son mari et leurs fils. Pourtant, lorsque son clan se déplaçait, elle les suivait eux au lieu de rester avec sa famille. À moins de devoir les accompagner pour l’année, lui et Jaegor ne la revoyaient plus jusqu’au prochain rendez-vous saisonnier. Néanmoins dans le cas présent, Drakgosh était content de la retrouver aussi tôt, et espérait qu’avec l’union des clans dans la Horde de Fer, leur famille n’aurait plus besoin de se séparer autant qu’ils avaient dû le faire dans le passé.
Cela dit, pourquoi est-ce que leurs parents se retrouvaient de cette façon, une nuit, dans le plus grand secret et le plus loin possible de Grommashar ? Lui et Jaegor avaient-ils manqué quelque chose dans l’actualité, ou y avait-il une raison précise pour que leur mère revienne aussi rapidement et de nuit ? Jusqu’à présent, Drakgosh avait le sentiment grandissant que lui et sa famille étaient en train de faire un rassemblement clandestin parce que la présence de Nagara en Nagrand n’était pas supposée être autorisée...
Maintenant qu’il y pensait, est-ce qu’ils savaient vraiment si les Loup de Givre avaient accepté de rejoindre la campagne de la Horde de Fer ? Ce n’était pas encore très clair pour lui et Jaegor, et leur père s’était montré très vague sur le sujet, sans parler de l’attitude des autres Chanteguerres qui continuaient d’adresser leur héritage mixte comme une bizarrerie, voire une abomination - il s’était jusque là raisonné en se disant que c’était dû au fait que les mentalités vieilles de plusieurs siècles ne pouvaient pas changer radicalement en quelques jours.

Goranok resta silencieux pendant tout le voyage, laissant Drakgosh et son frère s’interroger sur ce qui motivait son attitude ainsi que tout leur déplacement. Après une longue marche, néanmoins, ils virent ce qui semblait indiquer que leur objectif était proche. Sans la lueur des lunes ils auraient peut-être eu plus de difficultés pour le voir, mais Goranok l’aurait surement quand même repéré avec sa vue excellente de guerrier et sa connaissance très précise du territoire de Nagrand.
Drakgosh ne mit pas longtemps à apercevoir la silhouette d’une orque et d’un grand loup près de l’arbre solitaire, et son coeur se remplit d’allégresse comme il reconnaissait sa mère. Alors qu’ils se rapprochaient, le loup de givre de celle-ci poussa un aboiement bref qui alerta sa maîtresse. Gashar n’attendit pas la permission de Jaegor pour détaler vers l’autre loup afin d’aller le saluer, tandis que de l’autre côté c’était Nagara qui avançait à la rencontre de sa famille. Les deux frères firent presque la course pour l'embrasser en premier, mais bien qu’ils avaient tous les deux grandis leur mère était toujours capable de les saisir en même temps dans un geste tendre.
- Les esprits soient loués, vous allez bien ! s’exclama Nagara avec un profond soulagement.
Elle les relâcha comme Goranok s’était assez rapproché d’eux, afin d’aller à la rencontre de son compagnon. Comme toujours, leur amour mutuel se voyait partout, dans leurs regards, leurs gestes et leur attitude en général, bien que Drakgosh avait le sentiment qu’il y avait une légère tension entre eux, de l'appréhension.
- Je suis heureux de te revoir, ma louve d’amour, dit affectueusement Goranok.
- Moi aussi mon amour. Vous n’êtes que tous les trois ?
- Oui. Personne ne devrait avoir remarqué que nous sommes partis, mais je préfère que nous ne perdions pas de temps. Ce fils de saberon de Rogash ne m’a pas lâché ces derniers jours à cause de notre famille et de la création de la Horde de Fer.
Maintenant Drakgosh était encore plus confus, et son frère l’était autant que lui. Il n’aurait pas soupçonné que leurs retrouvailles en famille auraient un ton aussi sombre. Même les deux loups de givre étaient revenus et se tenaient à côté de leurs maîtres respectifs avec un air presque grave.
Le jeune guerrier était surtout surpris que son père mentionne Rogash, une sorte de rival pour lui, qui ne manquait jamais une occasion pour faire une remarque déplaisante sur sa famille mixte. En quoi est-ce que ses propos de vipère tiendraient encore alors que la Horde de Fer appelait à l’union des clans ?
À moins que les Loups de Givre n’étaient pas les alliés de la Horde de Fer... Ce qui semblait être le cas, maintenant qu’il voyait comment ses parents se comportaient, tels des fugitifs, des criminels en train de commettre un crime et qui craignent d’être pris la main dans le sac. Il espérait que Goranok et Nagara dissiperaient ces doutes, parce qu’autrement les implications seraient extrêmement graves.
- Nous pouvons nous mettre en marche vers la côte au nord dans ce cas, répondit Nagara. J’y ai caché un petit bateau qui pourrait nous transporter tous les cinq jusqu’aux falaises de Givrefeu.
- Je ne crois pas que ça soit une bonne idée, dit Goranok. Il n’y a malheureusement pas d’espoir pour ton clan.
Les deux frères échangèrent un regard perplexe et étonné après ces deux répliques. On avait clairement “oublié” de leur parler de quelque chose de crucial au cours de cette dernière semaine, et maintenant le secret atteignait ses limites.
- Pourquoi est-ce qu’on devrait partir ? demanda Drakgosh à sa mère.
- Est-ce qu’on a manqué quelque chose ? rajouta Jaegor en croisant les bras.
Nagara regarda ses deux enfants avec stupéfaction, avant de fixer son mari qui inclina légèrement la tête, l’air navré.
- Ils ne sont pas au courant ? demanda-t-elle.
- Je n’ai pas voulu leur dire avant que nous soyons tous réunis ce soir. Fort heureusement, le village a été conciliant envers ce souhait et personne ne leur a causé de problème...
- Quoi ? s’exclama Drakgosh. Qu’est-ce qui s’est passé entre les Loups de Givre et les Chanteguerre ?
- Ce n’est pas juste entre nos deux clans, dit Goranok. Les Loups de Givre se sont déclarés comme ennemis de toute la Horde de Fer. Votre mère est en danger en se trouvant ici, c’est pourquoi personne ne devait être au courant de notre rendez-vous.
La nouvelle laissa Drakgosh stupéfait, alors qu’il essayait de s’accommoder au fait que ses espoirs de voir sa famille enfin unie sans interférences tomber en morceaux. Il tentait en vain de comprendre qu’est-ce qui avait pu pousser son clan maternel à refuser de s’allier avec la Horde de Fer. Était-ce leur supposée sagesse ancestrale qui avait motivé cette décision, ou simplement de l’égoïsme ? Tout ce qu’il savait à ce moment, c’était qu’il se sentait progressivement furieux contre le clan Loup de Givre.
- Qu’est-il arrivé ? demanda Jaegor qui semblait mieux garder son sang-froid que son grand frère.
- Garad a simplement jugé qu’il ne voulait pas que son clan soit impliqué dans la croisade de la Horde de Fer, répondit Nagara. Ce choix lui a coûté la vie, ainsi que celle de Ga’nar. Le clan Sire-Tonnerre s’est chargé de les assassiner traitreusement, et depuis ils harcèlent notre clan au nom de leurs nouveaux maîtres - la Horde de Fer, évidemment. Ils massacrent les faibles et kidnappent ceux qu’ils ne tuent pas afin d’en faire leurs esclaves. Daggra, la compagne de Rag’norak et mère de Kora, a été enlevée par leurs chasseurs il y a quelques jours...
- Kora ! s’exclama Jaegor. Est-ce qu’elle va bien ?
Évidemment, le fait de mentionner la situation de la famille de leur amie d’enfance Loup de Givre était un bon moyen de les pousser à se rapprocher du clan maternel pour sympathiser avec leur souffrance. Jaegor et Kora étaient clairement faits pour devenir un couple, et Drakgosh aimait bien la jeune chamane, autant qu’il respectait son père qui était un guerrier presque aussi valeureux que son père.
Le jeune orc était maintenant partagé entre l’amertume de voir ses espoirs de retrouver sa famille unie grâce à la Horde de Fer détruits, et le sentiment que la situation actuelle du clan Loup de Givré était injuste. En quoi est-ce que cela avançait quoi que ce soit de chercher leur perte parce qu’ils avaient désiré ne pas s’impliquer dans le groupe ? Même si cela pouvait paraître égoïste de leur part, Drakgosh pensait que si les récits des horreurs commises contre eux étaient bien vrais, une telle réponse était vraiment extrême.
- Mais qu’est-ce qu’on est censés faire pour protéger notre famille alors ? demanda Drakgosh.
- C’est ce qu’il nous faut décider ici même, lui répondit tristement Nagara.
Connaissant bien ses parents, Drakgosh savait que ni l’un ni l’autre n’accepterait aussi facilement d’abandonner son clan d’origine. Il avait peur maintenant qu’ils ne décident de se séparer et de devenir ennemis, ce qui risquerait fort d’arriver pour lui et son frère. Jaegor voudrait voler au secours de Kora dans le nord, c’était une évidence. Lui par contre n’avait pas du tout envie de choisir entre la Horde de Fer, les Chanteguerre et les Loups de Givre, surtout pas si ça l’amènerait à se retrouver ennemi des autres. Leur famille ne pouvait-elle pas simplement s’exiler le temps que tout se calme ?
Ce n’était pas une façon très courageuse d’affronter l’adversité pour un guerrier, mais malheureusement Drakgosh ne supportait pas que cette adversité ne fasse qu’un avec la division quasi-imminente de sa famille.
- Il faut se rendre à l’évidence, commença Goranok. Les Loups de Givre sont condamnés, aussi désolant cela soit-il. La Horde de Fer au grand complet leur tombera dessus dans quelques mois, et il ne restera plus rien de ton clan. Crois-moi, je sais exactement de quoi notre armée est capable.
- Je sais mon amour.
- Cependant, dit-il en lui prenant tendrement les mains, je peux te sauver toi. Si tu viens rejoindre le clan Chanteguerre ce soir, je ferais en sorte que tu sois reconnue comme l’une des nôtres et donc une égale. Notre famille restera sauve ainsi.
- Nous avons de la famille de l’autre côté de la mer ! protesta violemment Jaegor. Que fais-tu de nos grands-parents, de Kora ?! Il est hors de question que je reste ici les bras croisés tant qu’elle est en danger !
- Mais qu’est-ce qu’il te prend ?! cria Drakgosh, révolté. Tu tiens à ce que notre famille se sépare ?! Tu es fou ou quoi ?!
- Et toi, ça t’arrive de réfléchir et de penser à autre chose que ton confort personnel parfois ?! répondit tout aussi violemment son frère.
Furieux, Drakgosh était prêt à faire passer toute sa colère sur Jaegor à coup de poings. Heureusement, leur mère vint les séparer avant qu’ils n’en viennent aux mains, l’air tout aussi en colère et avec les yeux brillants de larmes.
- Drakgosh, calme-toi ! Et toi, Jaegor, ne parle pas comme ça à ton frère ! Excuse-toi tout de suite !
Pendant que son frère marmonnait une excuse envers Drakgosh, celui-ci se tourna vers son père qui gardait une expression amère. Il aurait espéré qu’il puisse trouver des mots qui pourraient mettre tout le monde d’accord, mais ils savaient tous les quatre que c’était impossible. Comme Jaegor l’avait dit, ils avaient de la famille et des amis dans les deux camps, et devoir abandonner les uns à un sort funeste ou choisir de les rejoindre était une décision tout aussi difficile à prendre.
Cependant, comme ils parlaient l’aube se faisait de plus en plus proche, et bien qu’elle ne viendrait pas avant plusieurs heures il leur fallait prendre une décision.
- Nagara, il faut que je sache ce que tu comptes faire, dit Goranok. S’il te plait.
- Je...
L’orque était sur le point d’être submergée par les larmes mais elle se retenait tout juste pour ne pas perdre contenance. Il n’y aurait pas de point de retour et ils le savaient tous.
- Je ne peux pas m’allier avec ceux qui vont massacrer mes parents et mes amis Goranok, dit-elle. S’il te plait, tu sais ce que ça fait de perdre ceux qui te sont chers sans pouvoir faire quoi que ce soit. Mais si tu viens avec moi, tu pourrais nous aider à survivre ! Tu connais la Horde de Fer, leurs tactiques, leurs plans. Avec ton aide, nous pourrions changer le cours de l’histoire !
- La Horde de Fer ne peut être stoppée Nagara ! Personne sur Draenor ne peut leur résister. Même si je vous aidais à gagner une bataille, combien de temps gagneriez-vous avant que votre fin n’arrive ?Je t’en supplie, je t’aime de tout mon coeur et je refuse de te perdre dans cette guerre !

Il n’y avait pas pire supplice pour Drakgosh que de voir sa famille sur le point de se déchirer. Il savait au fond de lui, même s’il refusait de l’admettre, que c’était inéluctable. Jamais son père ne quitterait le clan Chanteguerre et la Horde de Fer, dont il était persuadé à raison de sa suprématie sur Draenor. Nagara n’abandonnerait pas non plus son clan, et même si elle le faisait ce serait Jaegor qui s’en irait parce qu’il aimait Kora à la folie, au point d’aller mourir avec elle. Et comme si ça ne suffisait pas, il n’adhérait pas aux plans de la coalition des clans orcs, comme il l’avait déjà exprimé.
L’atmosphère de tension fut cependant brisée quand un cri d’oiseau roc les alerta. Goranok avait reconnu son fidèle Serre-Noire, qui les prévenait d’un danger proche, et sa main avait agrippé sa hache en moins d’une seconde. Les loups de givre commençaient également à devenir nerveux, ce qui confirmait que des ennemis approchaient. Au loin des points de lumière se faisaient de plus en plus remarquables. Drakgosh comprit que des chevaucheurs de guerre leur fonçaient droit dessus.
- C’est ton clan ? demanda Nagara.
- Oui, ce qui n’est pas prévu, répondit Goranok qui semblait mécontent de cette intrusion.
- Que doit-on faire ?
- Jouez le jeu. Les garçons, détendez-vous à tout prix.
Les intrus venaient de toutes les directions pour leur couper toute tentative d’esquiver la confrontation. Le plus inquiétant était que les chevaucheurs avaient manoeuvré spécifiquement pour les coincer tous les cinq, et même si Serre-Noire avait appelé plus tôt il n’était pas dit que le groupe d’orcs aurait passé leur chemin s’ils ne les avaient pas trouvés.
Drakgosh comprit que la patrouille était ici exprès dans le but de confronter son père, lorsqu’il reconnut le visage de l’orc qui la commandait - Rogash, qui comme par hasard affichait l’air triomphant de quelqu’un qui a trouvé le meilleur moyen de nuire à son ennemi. Jamais il n’avait autant détesté la vue de ce sale personnage.
- Je savais bien que tôt ou tard tu chercherais à nous fausser compagnie pour pactiser avec l’ennemi, ricana Rogash. Quelle disgrâce de ta part, Goranok !
- Tiens donc, Rogash, lança Goranok, moi qui pensais que tu venais gentiment nous prêter des montures pour retourner rapidement au foyer avec ma compagne et mes fils, tu me déçois beaucoup par tes accusations sans fond.
- Oh, bien évidemment que je vais avaler ce mensonge ! grogna l’autre orc.
- Où sont tes “preuves” que ce que je dis est un mensonge, autre que tes idées paranoïaques ? Je suis bien curieux de les entendre, mais nous sommes pressés alors si tu as quelque chose à dire, tu le feras pendant le voyage de retour, si tu le veux bien.
Goranok étant un guerrier respecté et estimé par le clan, il pouvait imposer sa version des faits sans trop de difficultés, surtout que l’animosité bien connue de Rogash contre le père de Drakgosh et Jaegor n’était pas un secret pour les Chanteguerres. S’il avait assez de pouvoir pour commander un raid de chevaucheurs en pleine nuit, Goranok était considéré comme d’un rang élevé, et il pouvait avoir le dernier mot, surtout s’il n’y avait rien qui prouvait qu’il s’opposait au clan - dans le cas présent il avait réussi à créer assez d’ambiguité pour que lui et sa famille ne soient pas ennuyés.
Cependant, en faisant ainsi il venait de couper toute opportunité pour Nagara de tenter de quitter Nagrand. Même si l’intervention de Rogash ne faisait pas partie des plans de son père, Drakgosh le soupçonnait de tourner cet imprévu à son avantage, en en faisant un moyen de pression indirect pour qu’elle doive rester avec eux. Il vit que sa mère était tendue, et elle devait avoir eu cette idée en tête tout comme lui. Fort heureusement elle acceptait de jouer le jeu comme son compagnon lui avait dit. Si elle ne l’avait pas fait, la situation aurait vite dégénéré à leur désavantage.
Sur la demande de Goranok, deux guerriers libérèrent les selles de deux montures afin que leur camarade de clan et sa famille puissent chevaucher avec eux. Le trajet de retour se fit en silence, personne n’osant dire quoi que ce soit, entre les guerriers qui n’allaient pas vraiment risquer de dire un mot qui pourrait être déplacé, Rogash qui n’était pas si content de retrouver son ennemi chevaucher en tête sans encombrement, et la famille qui s’inquiétait de ce qui suivrait dès qu’ils reviendraient en ville. Assurément, ils seraient forcés de comparaître devant qui de droit afin de parler de l’arrivée de Nagara...
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Un Requiem de Flammes et de Givre
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