[Pdv C] Je restai de marbre, même si la douleur dans ma poitrine sembla gagner en puissance. Rechercher quelqu’un, c’était quelque chose qui me connaissait…Nous assurâmes la Bien-Née de notre soutien dans son entreprise. Puis la discussion dériva sur d’autres sujets. Profitant de ce que les autres parlaient tranquillement, je m’éloignai avec Lunev en direction du Temple.
-Heureuse de te retrouver à la maison ? lui demandai-je, installée jambes pendantes dans le vide près des jardins.
-Oh oui ! m’assura-t-elle avec un grand sourire. J’ai beaucoup prié Elune pour la remercier, et… il faudra que j’aille voir Tyrande Murmevent pour lui rendre compte des évènements.
Je hochai la tête. A la vue des Prêtresses qui puisaient dans les sources environnantes, le souvenir… de ma mère revint me torturer. Pour ne pas sombrer dans la tristesse, je changeai de sujet.
-Et Dominici ? Vous avez prévu de… vous revoir ?
A la mention du Paladin, elle soupira.
-Tu sais, Lillenta, je n’ai jamais voulu ça. Il m’a fallu du temps pour comprendre ce qui se passait quand je dormais dans ses bras… Comprendre pourquoi il me regardait comme ça.
-Ne me dis pas que tu ne ressens rien, dis-je doucement.
-Non, c’est vrai, répondit-elle en détournant le regard. Tu as raison. Je me sens en sécurité avec lui.
-Alors pourquoi sembles-tu penser qu’il y a un problème ?
-Je voudrais servir Elune toute ma vie, Lil’, elle a tant fait pour moi… Et pour nous, ces derniers temps. Après ce qui s’est passé avec la Faux en moi, je ne veux pas me consacrer à autre chose, je veux la remercier ainsi, tu comprends ?
-Lunev… Est-ce que notre grande Prêtresse a laissé son époux tomber pour Elune ?
Elle soupira, les yeux brillants de larmes. Nous restâmes ainsi, balançant nos jambes dans le vide, au-dessus du cercle de nos amis. Je ne répondis rien. Lunev était jeune. Elle finirait par se rendre compte qu’elle se fixait des objectifs qui la rendraient malheureuse. Elle avait un cœur assez grand pour rester une Prêtresse fidèle et aimer un homme. Au besoin, je faisais confiance à notre dirigeante pour lui ouvrir les yeux.
Je pensais à Elvyr et fermai les yeux. Où était-il à présent ?
[Pdv D] Comme Lillenta et Lædera s’étaient éloignées, nous nous retrouvions à vouloir profiter de quelques moments de solitude, pour faire le point. Simine resta avec son amie Bien-Née, elle devait vouloir lui raconter ce qui s’était passé ces derniers mois. Je préférai sortir dans le port de Rut’theran pour être à côté de la mer.
Le jour où j’y avais suivi Lillenta, j’étais prête à tout pour retrouver la Faux et sauver mon pays. Maintenant, c’était fait, même si j’aurais préféré que le Bois de la Pénombre puisse redevenir aussi lumineux que le reste de la Forêt d’Elwynn. Après tout, j’avais beau affectionner les endroits plutôt sombres, ça ne m’empêchait pas d’avoir envie d’un peu de vrai soleil dans ma région d’origine.
J’allais remonter quand Lanval arriva à son tour. Il avait dû courir car il passa de sa forme de worgen à une apparence humaine dès qu’il me vit.
-Tu as encore peur que je m’évanouisse si je te vois en worgen ? blaguai-je.
-T’en fais pas, je te fais confiance, répondit-il avec un petit sourire. Tu ne vas quand même pas le dire que tu préférerais passer un moment en compagnie d’un démon plutôt qu’avec un worgen.
-Oh, il faut voir, certains Démonistes aiment plus leurs démons que leurs congénères… Mais vu la panoplie que j’ai, je te préfère encore à eux. De toute façon, depuis quand est-ce que je discute avec mes serviteurs ?
-Le jour où ça arrivera, je m’inquiéterai sérieusement.
-Parfait. Et tu me rappelleras comment a fini Armantus pour me remettre les idées en place. Allez, ne reste pas planté là et viens t’asseoir.
-Je profite de la vue. Un lever de soleil avec une jolie Démoniste, ça mérite un tableau je trouve.
A la fois agacée et amusée, je me relevai pour aller vers lui (pendant qu’il poussait une exclamation de déception, peut-être simulée). J’étai contente de le retrouver comme avant, j’en oubliais presque la rencontre avec ses parents.
-Et à part ça, tu venais pour une chose précise ou c’était seulement la vue qui t’intéressait ?
-C’est un peu des deux. Je voulais savoir comment ça allait, après mes parents. Avec Lil’, la Bien-Née et les autres, on n’a pas eu le temps d’en reparler.
Décidément, juste quand je les avais presque oubliés, Lanval se chargeait de me rappeler ce moment. Je fus honnête avec lui, je lui confiai les pensées que j’avais eues, l’inquiétude, puis ce que Lillenta m’avait dit pour me rassurer.
-Je vois… Bon, au moins ça ne t’a pas marquée au point d’en perdre définitivement le sommeil.
-Pas pour longtemps, précisai-je. Jusqu’à ce que Lil’ m’explique tout.
-Je n’avais pas envie de te choquer, ni que tu aies de la pitié pour moi – ce n’est vraiment pas ce dont j’ai besoin d’ailleurs. Je voulais que tu puisses voir qui j’étais réellement, pas seulement le worgen Voleur facétieux qui s’amuse à te soulever pour rire…
-Et se prend un infernal sur la tête en retour, précisai-je.
-Exactement, acquiesça-t-il avec un sourire.
Après un petit moment à se remémorer la scène, je lui demandai des précisions sur le Norfendre. Quand il me raconta ce qu’il s’y était passé il n’avait pas l’air très fier de lui par moments, des fois son ton se faisait sombre, voire amer. L’obsession de venger Mia, la présence salvatrice de Mathenna, lui qui s’était perdu dans les combats, il ne semblait pas me cacher quoi que ce soit. Ça me fit mal de le voir replonger rien qu’en faisant le récit de cette campagne. Je lui pris le bras, pour le ramener à la réalité.
-Tout ça, c’est terminé à présent. Ta sœur a été vengée, tu as survécu aux combats et à tes propres ténèbres. Ce n’est pas la peine de te torturer encore plus l’esprit avec des spectres du passé.
-Je sais, maintenant… Au moins, tu sais à présent qu’il faut rayer le Norfendre comme destination pour une lune de miel.
Je soupirai en essayant de ne pas rire malgré moi. Je m’étais aussi prise à penser que si jamais je devais me marier, moi non plus je ne prendrais pas cette destination pour célébrer l’union. Mais bon, de toute façon j’avais du mal à croire en la solidité des mariages, et ce depuis longtemps.
Nous rentrâmes ensuite à Darnassus. Il parut content que je veuille bien qu’il me prenne par l’épaule. Je me demandais si nous pourrions nous retrouver en Pandarie un de ces jours. Il fallait cependant que je sois certaine de ce qui était arrivé à Elvyr. Nous en parlâmes en chemin, avant d’aller retrouver les autres.
[Pdv Ex] La journée avait passé le temps qu’il arrive au-dessus de la Forêt des Pins Argentés. Il ignorait quelle avance Lindhe avait sur lui, il espérait aussi qu’elle n’avait pas d’artefact magique pour rentrer directement à Fossoyeuse. Il ne se souvenait pas d’avoir dû à ce point affronter le temps avant. Enfin, le fantôme de Claria arriva et lui fit signe. Sa monture la suivit jusqu’aux bords du lac Lordamere, où il repéra tout de suite le destrier squelettique de la Réprouvée. Il piqua à ce moment pour atterrir juste devant elle, et Claria resta à l’extérieur pour veiller à ce que les choses ne tournent pas mal pour son ami. Lindhe s’arrêta, l’air méfiante, mais ne sembla pas sur le point d’attaquer.
-Salutations Lindhe, commença-t-il en essayant de garder un ton neutre. Je ne viens pas en ennemi, j’ai des informations dont nous devons parler.
-Des informations ? Du genre de celles que vous devriez vous attacher à rapporter à la Dame Noire ? Mais il me faut les informations, et une explication, Chevalier de la Mort.
Son ton était vaguement menaçant. Il y était préparé.
-Je vais être honnête : je protégeais ma sœur. Je me suis retrouvé mêlé au reste du groupe sans le vouloir mais je les ai suivis parce que ça ne contredisait pas mon objectif initial. Je me doutais que la Faux intéresserait Sylvanas, mais je préférais m’assurer que les chefs de la Cendre Sanglante soient éliminés avant toute chose, parce qu’eux aussi la convoitaient. Mais vous en avez été témoin comme moi, l’artefact est devenu incontrôlable et n’a fait de cadeau à personne. Quand nous avons repris conscience après l’onde de choc, la Faux avait disparu sans laisser de traces. Vous pourrez le vérifier par vous-même.
-Votre sœur ? demanda-t-elle d’un ton froid après une seconde de réflexion.
-Elle est tout ce qui me décide à rester sur ce monde maintenant qu’Arthas est mort et que notre vengeance est accomplie. C’était grâce à elle que je vivais, et maintenant je veux pouvoir la protéger dans la non-mort. Si elle n’était plus là, même ma loyauté envers la Dame Noire ne suffirait pas à me convaincre de rester « en vie ». Me comprenez-vous ?
Elle resta silencieuse, l’air de réfléchir. Elvyr en profita pour lui remettre le parchemin comprenant les informations sur les infiltrés du Culte à Fossoyeuse.
Après en avoir examiné rapidement le contenu, elle hocha brièvement la tête. Il attendit, espérant pouvoir partir et rejoindre Lædera ainsi que Lillenta ; il fut déçu.
-Suivez-moi, Chevalier de la Mort. Maintenant.
